samedi 17 décembre 2016

Venezuela: ces billets de 100 bolivars qui sèment le trouble



Par RFI Publié le 17-12-2016


Caracas, le 16 décembre 2016. Des jeunes Vénézuéliens jouent avec des billets de 100 bolivars, jusque-là de grande valeur, désormais inutilisables.
GEORGE CASTELLANOS / AFP


Au Venezuela, le délai de 72 heures donné aux Vénézuéliens pour échanger ou déposer ses billets de 100 bolivars à leurs banques s'est achevé jeudi soir. Même si un nouveau délai de cinq jours a été donné à partir de ce vendredi pour déposer ses billets marrons aux guichets de la Banque centrale vénézuélienne (BCV), c'est désormais une réalité : le billet de 100 bolivars, qui est le montant actuellement le plus élevé dans le pays, est officiellement hors de la circulation. Comment réagissent les Vénézuéliens alors que le billet de 100 n'existe plus et que les nouveaux billets à gros montants ne sont toujours pas là ? Reportage.

Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez

L'enjeu selon le président Nicolas Maduro est de « lutter contre les mafias qui font de la contrebande de billets de 100 bolivars », tout particulièrement à la frontière colombienne. Ces jours-ci, les autorités ont multiplié les vidéos et les images montrant d'immenses paquets de billets de 100 bolivars qui ont été récupérés à la frontière.

Le retrait de ces billets devait coïncider avec l'arrivée de nouveaux billets de plus gros montants à partir de ce jeudi 15 décembre. Selon le président de la BCV, les premiers billets à entrer en circulation ce jeudi devaient être de 500 bolivars. Or, ces billets ne sont toujours pas arrivés... ni jeudi, ni vendredi.

Jeudi soir, le président Maduro a annoncé que les nouveaux billets (500, 1000, 2000, 5000, 10 000 et 20 000 bolivars ) sortiront progressivement « dans le courant de cette semaine, la semaine prochaine et la première de janvier ».

Un kilo de farine

Wilfredo Ramirez tient un petit magasin à deux pas de la Plaza Bolivar de Chacao. Ce vendredi matin, il a accroché cette pancarte : « nous n'acceptons plus les billets de 100 bolivars ». « C'est fini : on ne prend plus les billets de 100 bolivars ! Il y a soi-disant de nouvelles pièces qui doivent circuler aujourd'hui mais je ne les ai pas vues. Et les gros billets, encore moins ! Nous arrivons à travailler parce que nous avons un terminal de carte bleue. Mais les gens vont devoir trouver une solution pour avoir du liquide, des petits billets, parce que parfois le terminal bancaire ne marche pas. Je suis inquiet : si mon terminal ne marche plus, que les gens ne peuvent plus payer par carte et qu'ils n'ont pas de liquide, je ne pourrai plus rien vendre. »

Carolina montre son portefeuille : trois billets de 100 bolivars qui ne lui servent plus. Impossible pour elle de passer à la banque ce vendredi. Elle se prépare à passer un long week-end sans liquide. « Il y a une grande incertitude : nous ne savons pas ce qu'il peut se passer, nous ne savons pas si les nouveaux billets vont finalement arriver aujourd'hui ou bientôt... Tout ça est absurde. Qu'est-ce que tu peux faire à part prier Dieu qu'il ne t'arrive rien car tu n'as même pas de quoi payer le transport en cas d'urgence ! »

José, lui, a passé deux heures ce vendredi matin dans les files d'attentes des banques. Bilan : 5000 bolivars. « A la banque, ils n'ont que des billets de 2 ou de 5 bolivars. Donc tu dois repartir avec un sac plein de billets qui ne représentent presque rien. Et en plus, le montant maximal aujourd'hui, en tout cas dans ma banque, est de 5000 bolivars. Ca permet de se payer un kilo de farine et pas grand-chose de plus. C'est irresponsable : la promesse n'est absolument pas tenue car nous n'avons toujours pas les nouveaux billets. On va attendre de voir lundi s'ils arrivent... »

Et face au manque de liquidités, des manifestations de colère et des tentatives de pillages ont eu lieu dans certaines régions du pays.



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