vendredi 11 novembre 2016

La victoire de Donald Trump effraie la Silicon Valley



Par Dominique Baillard
Diffusion : jeudi 10 novembre 2016


Le siège de Google, au cœur de la Silicon Valley. RFI/Thomas Bourdeau


L'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche provoque un véritable effroi dans la Silicon Valley. Pendant la campagne, les patrons des entreprises technologiques ont été continuellement brocardés par le candidat républicain.

La peur est telle qu'un investisseur de la tech a proposé sur Twitter de financer une campagne pour que la Californie fasse sécession. Il a déjà reçu le soutien de plusieurs de ses pairs. La Silicon Valley était quasiment acquise à 100% à la cause démocrate en termes sonnants et trébuchants. Les entreprises de ce secteur florissant ont donné 114 fois plus à Hillary Clinton qu'à Donald Trump. Parce qu'elle a concocté un programme spécial pour soutenir cette activité clé pour la croissance américaine, et surtout parce qu'il prône des valeurs diamétralement opposées aux leurs.

Son machisme, son protectionnisme, son rejet de l'étranger heurtent la communauté des start-uppers. Tous favorables au libre-échange et à l'immigration. Les menaces qu'il a proféré sur la neutralité du net contraste avec la volonté d’Hillary de renforcer ce principe cher aux utilisateurs et aux acteurs de cette industrie.

Les baisses d'impôts promises devraient plutôt séduire les patrons

Il a proposé de réduire les taxes sur les bénéfices rapatriés aux Etats-Unis en faisant passer le taux d'imposition de 35 à 10%. Une aubaine pour les GAFA qui laissent dormir leurs profits dans des paradis fiscaux. 1 200 milliards de dollars échappent ainsi au fisc américain. Mais les entreprises de la net-économie redoutent surtout de voir leur environnement réglementaire remis en cause par un Donald Trump qui ne connait pas cette industrie, et surtout qui n'a aucune estime pour ses nouvelles entreprises multinationales.

Apple dans le viseur du nouveau président des Etats-Unis

Le fabricant des smartphones a joué à fond la carte de la mondialisation, au détriment des emplois américains a rappelé le champion des oubliés de la croissance. Les bijoux techno d’Apple sont conçus en Californie mais les composants sont fabriqués dans les usines chinoises de Foxconn. C'est ce qui permet à la firme de proposer ses produits à des prix certes élevés mais non prohibitifs et c'est aussi ce qui explique ses profits records.

Si le nouveau président des Etats-Unis met en œuvre des droits de douane de 45% sur les produits chinois cela remet en cause le modèle économique d'Apple. Mais ira-t-il jusque-là ? Sans parler des conséquences diplomatiques d'une telle décision, une telle hausse aurait d'abord des effets négatifs sur l'économie américaine.

Dans la Silicon Valley, un patron a salué la victoire de Donald Trump.

C'est le milliardaire conservateur Peter Thiel, l'un des fondateurs de Paypal. Un soutien de la première heure du candidat anti-establishment. Et il s'en est expliqué. Lui qui a gagné beaucoup d'argent grâce à ses investissements dans la haute technologie trouve que le pactole généré par cette industrie n'a pas été suffisamment redistribué. Il déplore l'aveuglement des patrons de la net-économie. « Twitter n'améliore pas le bien-être général » résume-t-il.

Les profits des 5 grandes compagnies du numérique ont ruisselé sur les cadres de la côte ouest mais pas à l'intérieur de l'Amérique. Un discours qui commence à faire réfléchir dans la Silicon Valley. Au lendemain de la victoire choc de Donald Trump l’un des fondateurs d'Expedia reconnait : « Nous devons admettre que nous sommes largement déconnectés de notre Nation ».

(RFI)



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire