Par Heike Schmidt Publié le 17-10-2016
Steven Spielberg, directeur d'Amblin Partners, et Jack Ma, patron du géant de l'e-commerce chinois Alibaba lors de l'annonce de leur partenariat à Pékin, le 9 octobre 2016.
REUTERS/Shirley Feng
Hollywood fait rêver les milliardaires chinois. En début d’année 2016, l’homme le plus riche du pays, Wang Jianlin, avait déboursé 3 milliards d’euros pour acheter le studio Legendary Entertaiment qui a notamment produit Batman et Godzilla. La fortune numéro deux de Chine, Jack Ma, vient de lui emboîter le pas. Le fondateur du géant internet Alibaba s’allie avec les studios du réalisateur Steven Spielberg.
De notre correspondante à Pékin,
Le pacte a été scellé il y a quelques jours à Pékin : Alibaba Pictures prend une participation minoritaire dans la société Amblin Partners de Steven Spielberg. Il s’agit plutôt d’une « alliance stratégique » : les deux partenaires veulent coproduire et financer des films pour le public chinois mais aussi international. Ou comme le dit Steven Spielberg: « Nous apporterons plus de Chine à l’Amérique et plus d’Amérique en Chine. » Jack Ma, tout aussi ambitieux, parle lui de « pont culturel ». Mais cet enthousiasme n’est pas partagé par tous. Un groupe de parlementaires américains voit cet appétit pour les studios hollywoodiens d’un mauvais œil de crainte que la propagande chinoise entre dans les salles de cinéma américaines. Réponse laconique du quotidien officiel Global Times : « Les Etats-Unis eux utilisent le cinéma depuis 100 ans déjà pour propager leurs valeurs. »
Contourner les quotas chinois
Mais pourquoi s’allier aux Chinois si ce n’est pour financer des films grâce au capital chinois ? En Chine, il est extrêmement difficile de faire entrer des films étrangers dans les salles de cinéma. Pékin impose un quota et ne laisse passer que 70 films par an. Des coproductions avec des groupes chinois sont donc le meilleur moyen de contourner cette restriction. Le réalisateur français Jean-Jacques Annaud a encore montré l’exemple dernièrement, avec son film d’aventure Le dernier Loup. Autre argument : le marché chinois est devenu incontournable. Son « box-office », c'est-à-dire les recettes des ventes de billets, a fait un bond de presque 50% en 2015 à 6 milliards d’euros. En cinq ans, le nombre d’écrans a triplé. Mais attention, on parle déjà d’une bulle prête à éclater.
Le marché chinois moins prometteur que prévu
Il y a quelques mois encore, la Chine était bien partie pour détrôner les Américains comme premier marché du film dans le monde. Mais actuellement les ventes de billets flanchent. La semaine de vacances autour de la fête nationale du 3 octobre confirme cette tendance avec une chute des ventes de 15%. L’une des raisons est que les producteurs subventionnaient lourdement la vente des billets, via des ventes promotionnelles sur internet. A l’instar du distributeur Max Screen : il a dépensé une fortune pour promouvoir son block-buster Iron Man 3. Mais les autorités ont mis fin à ces subventions considérées comme frauduleuses. Du coup, l’enthousiasme du public chinois s’est un peu estompé.
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