mardi 20 septembre 2016

L'ONU suspend ses convois humanitaires en Syrie


L'ONU a suspendu ses convois humanitaires en Syrie, a annoncé mardi un porte-parole à Genève.


L'ONU a décidé de suspendre son envoi de convois humanitaires, après des bombardements. (Mardi 20 septembre 2016) Image: AP

L'ONU a suspendu ses convois humanitaires en Syrie après le raid aérien contre un convoi d'aide dans la province d'Alep, a annoncé mardi un porte-parole des Nations unies à Genève. Les Etats-Unis et la Russie s'accusent mutuellement de la reprise des hostilités après une semaine de trêve.

«Tous les convois sont suspendus en attendant une nouvelle évaluation de la situation sécuritaire» en Syrie, a déclaré le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke. Il a aussi demandé la mise en place d'une «enquête» sur ce raid. Le convoi touché lundi transportait notamment de l'aide des Nations unies, a-t-il dit lors d'un point de presse.

«Un responsable (du Croissant-Rouge) et des civils ont perdu la vie» dans ce raid, a déclaré de son côté un porte-parole de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Benoît Carpentier, précisant que ce bilan pouvait évoluer. «Plusieurs civils ont été tués et blessés», a-t-il martelé.

Le président du CICR, Peter Maurer, a déclaré de son côté que l'attaque d'Alep était une «violation flagrante» du droit humanitaire international et qu'elle était «inacceptable».

Le raid a endommagé au moins 18 des 31 véhicules du convoi de l'ONU et du Croissant-Rouge syrien. Il livrait de l'aide à 78'000 personnes à Orum al-Koubra, a précisé le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.

Crime de guerre

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres et bénéficiant d'un large réseau de correspondants en Syrie, n'était pas en mesure de préciser de quelle nationalité étaient les avions ayant mené ces frappes. Mais aucun groupe rebelle syrien ne dispose de force aérienne.

«S'il s'avère que cette attaque impitoyable a délibérément visé des humanitaires, alors elle équivaut à un crime de guerre», a déclaré Stephen O'Brien, le patron des opérations humanitaires de l'ONU.

Sans directement accuser Moscou, le porte-parole du département d'Etat américain John Kirby a assuré que les Etats-Unis étaient «scandalisés» par l'attitude de la Russie, alliée du régime de Damas. Ils «soulèveront la question directement auprès de la Russie», a-t-il précisé.

L'armée russe dit pour sa part enquêter sur les «informations» concernant ce convoi touché, a déclaré mardi à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il a ajouté que la trêve ne pouvait reprendre que si les «terroristes» cessent leurs attaques contre les positions des forces du président syrien Bachar el-Assad.

Reprise des bombardements

D'Alep à la banlieue de Damas, les Syriens ont retrouvé le bruit des bombardements et des tirs nocturnes, après une semaine de fragile accalmie sur les principaux fronts de la guerre.

Les raids ont été surtout violents à Alep et dans sa province. «Plus de 40 frappes aériennes» ont visé les zones rebelles depuis l'annonce par l'armée syrienne de la fin du cessez-le-feu lundi en fin d'après-midi.

Au moins 36 civils ont été tués, selon l'OSDH, soit neuf de plus qu'en une semaine de trêve.

Accusations mutuelles

Le ton n'a cessé de monter ces derniers jours entre Moscou et Washington, les deux parrains de la trêve, qui s'accusent mutuellement de son échec. Moscou et Damas ont en particulier dénoncé un raid mené samedi par la coalition internationale conduite par les Etats-Unis contre l'armée syrienne dans l'est de la Syrie, qui a fait au moins 90 morts.

La coalition a affirmé que ce bombardement était une erreur de cible, puisqu'elle croyait viser des djihadistes du groupe Etat islamique (EI). Mais Damas a rejeté ces explications et le président Assad a accusé Washington d'avoir commis une «agression flagrante».

C'est dans ce contexte acrimonieux que se réunit ce mardi à New York le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS). Il rassemble depuis fin 2015 une vingtaine de pays et d'organisations internationales, dont les Etats-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran. (ats/afp/nxp)

(Lematin.ch. Créé: 20.09.2016, 12h03)

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