Par Caroline Lafargue Publié le 23-02-2017
L'Australie accueille Benyamin Netanyahu pour une visite historique de quatre jours. C'est la première fois qu'un Premier ministre israélien en exercice se rend sur l'île-continent. Au menu des discussions le Premier ministre australien Malcolm Turnbull : le renforcement de la coopération agricole, scientifique et technologique entre les deux pays. Mais c'est bien la question palestinienne qui domine cette rencontre.
De notre correspondante en Australie,
Traditionnellement, l'Australie est l’alliée zélée et inconditionnelle d’Israël depuis sa création. Le gouvernement libéral déroule donc le tapis rouge à Benyamin Netanyahu. Mais en parallèle, une partie de l'opinion, mais aussi de la classe politique australienne, est vent debout contre le Premier ministre israélien. Quelques manifestations ont eu lieu cette semaine à Sydney, Canberra et Melbourne contre la visite de M. Netanyahu.
Ces manifestations n'ont pas rassemblé plus d'une centaine de personnes à chaque fois. Mais c'est une mobilisation inédite contre la politique israélienne dans les Territoires palestiniens. Elle fait écho à la lettre ouverte signée par 60 personnalités australiennes ; des politiques, des artistes, des magistrats, des universitaires... Ils condamnent la politique de colonisation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie, qu'ils jugent « illégale ».
L'Australie, plus zélée que les Etats-Unis
A cela, il faut ajouter les récentes déclarations de deux anciens Premiers ministres australiens, les travaillistes Kevin Rudd et Bob Hawke. Ils demandent au gouvernement libéral de reconnaître un Etat palestinien, comme l'ont fait 137 autres pays. Tous deux sont connus pour être pro-israéliens, mais ils ont le sentiment que le gouvernement de Malcolm Turnbull a franchi la ligne rouge en décembre dernier.
C'était au sujet de la résolution 2334 de l'ONU, qui exige la cessation immédiate de la colonisation dans les territoires occupés. L'Australie est le seul pays à avoir pris la défense d’Israël à ce moment-là. Plus zélé que les Etats-Unis, le gouvernement australien a indiqué qu'il aurait voté contre cette résolution s'il avait eu un siège au Conseil de sécurité.
Il y a des liens historiques très forts entre les deux pays. Malcolm Turnbull l'a rappelé mercredi, en accueillant Benyamin Netanyahu : l'Australie est considérée comme « l'accoucheuse » de l’Etat d’Israël. Le ministre des Affaires étrangères australien Herbert Evatt a en effet joué un rôle crucial dans le processus onusien de partition de la Palestine.
Malcolm Turnbull, soutien inconditionnel à Israël
Depuis, le mouvement sioniste est particulièrement fort dans la communauté juive australienne. Il mène un lobbying très efficace auprès de la classe politique. Et finalement, mercredi, Malcolm Turnbull a choisi la continuité, réitérant son soutien à son homologue Benyamin Netanyahu. Il a dénoncé les membres de la communauté internationale qui s'emploient à « fustiger » Israël et à faire de M. Netanyahu le seul responsable de l’échec du processus de paix.
Malcolm Turnbull a aussi réaffirmé son opposition à la résolution 2234, qu'il juge « partisane ». Une prise de position qui a réjoui le Premier ministre israélien, qui a félicité son homologue australien de s'attaquer ainsi a « l'hypocrisie » de l'ONU. Mais M. Turnbull a quand même précisé que l'Australie était toujours en faveur de la solution à deux Etats. Et de suggérer à M. Netanyahu de rouvrir les négociations de paix.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire