vendredi 23 décembre 2016
RECHERCHE MÉDICALE – Des vaccins contre la rougeole et la rubéole made in Vietnam
Ce projet de plus de 7 millions d’euros pourrait améliorer considérablement la réactivité du Ministère de la Santé face aux épidémies et assoit la réputation du Vietnam en matière de recherche médicale.
Une épidémie de rubéole s’était répandue au Vietnam en 2011. Cette maladie est particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes car elle peut entraîner des fausses couches et des malformations du cerveau et de l’ouïe chez le fœtus. En 2011, l’épidémie a été telle que le pays a du rapidement faire face à une rupture de vaccins importés et que de nombreuses femmes enceintes avaient dû mettre un terme à leur grossesse.
Cette épidémie et les conséquences dramatiques qu’elle a eues ont poussé le gouvernement à accélérer le processus pour que le Vietnam puisse produire son propre vaccin contre la rougeole et la rubéole… Et c’est désormais chose faite!
Dès 2013, le Ministère de la Santé avait mandaté le Centre de recherche et de production de vaccins et de biologie Polyvac, qui était déjà à l’origine de la production vietnamienne du vaccin contre la rougeole en 2009, pour mener à bien cet ambitieux projet.
Le Japon a largement soutenu le programme de développement du vaccin, notamment via la société Kitasato Daiichi Sankyo Vaccine Co. Ltd (KDSV) qui a envoyé près de 200 experts au Vietnam pour former et accompagner l’équipe de Polyvac.
Le vaccin a été testé efficacement sur plus de 750 personnes de 1 à 45 ans et ne présentant aucun problème de santé. Et en mars 2016, les tests cliniques ont finalement été approuvés. Le vaccin a été reconnu comme sûr et prouvé.
Il ne reste plus que des formalités administratives à remplir pour que Polyvac ait l’accord définitif et officiel pour commercialiser le vaccin.
L’objectif est qu’il soit disponible sur le marché vietnamien à l’horizon 2017. Polyvac prévoit de produire 7,5 millions de doses par an, et 3 à 4 millions de personnes seraient vaccinées tous les ans. Le Centre espère donc pouvoir produire suffisamment pour exporter vers d’autres pays.
Ce vaccin va permettre au Vietnam de pouvoir mieux anticiper et limiter les épidémies. Il faut en effet six mois pour importer un vaccin contre seulement un mois pour le produire localement. En cas de début d’épidémie, le gouvernement aura ainsi une plus grande flexibilité et une meilleure réactivité.
Le coût du vaccin devrait être aussi beaucoup plus accessible que son équivalent importé, même si le prix final n’a pas encore été déterminé.
Au-delà de l’impact positif qu’il aura sur la santé, ce vaccin est aussi un symbole du développement des technologies de pointe au Vietnam, notamment en matière de santé.
En effet, seuls 25 pays au monde ont l’autorisation et la capacité de produire des vaccins et, en Asie, seuls le Japon, l’Inde et la Chine produisent déjà le vaccin contre la rubéole et la rougeole.
Le Vietnam produit ses propres vaccins depuis 1962. A l’époque, le Professeur Hoàng Thuy Nguyên, qui avait suivi des formations en ex-URSS à la demande du gouvernement, avait fabriqué plusieurs millions de doses de vaccins contre la poliomyélite, maladie qui a depuis été officiellement reconnue comme éradiquée du Vietnam en 2000 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Le Vietnam peut désormais être fier de produire localement onze des douze vaccins utilisés dans le Programme de vaccination élargie.
Avec ses quatre usines de production locales et ses 12 vaccins fabriqués (tuberculose, diphtérie, coqueluche, tétanos, rougeole, poliomyélite, hépatite B, pneumonie/méningite purulente causée par Hib, encéphalite japonaise B, choléra, typhoïde et rubéole/rougeole), le Vietnam est un pays qui compte sur la scène internationale. L’OMS a d’ailleurs reconnu son potentiel et celui de ses chercheurs.
Il reste encore à développer les centres et les campagnes de vaccination, notamment dans les zones montagneuses reculées.
Aucun vaccin n’est fiable à 100% et en 2013, la vaccination contre l’hépatite B avait été suspendue après le décès de trois nourrissons dans la province de centrale de Quang Tri.
En octobre dernier, un nouvel arrêté gouvernemental a été adopté: désormais en cas d’accident grave ou de décès suite à une vaccination dans le cadre du Programme national élargi de vaccination et du Programme de vaccination contre des épidémies, l’État est tenu pour responsable. Ainsi, en cas d’accident, la victime recevra 30 mois de salaire minimum, et se verra rembourser tous ses frais de consultation et de traitement. En cas de décès, la famille recevra un remboursement pour les frais de consultation et de traitement dans les établissements médicaux avant le décès, et sera indemnisée à hauteur de minimum dix mois de salaire, plus 100 millions de VND (un peu plus de 4000 euros) en guise de dommages et intérêts.
Marielle Capelle (lepetitjournal.com/Hochiminhville) 11 Novembre 2016
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