mercredi 21 décembre 2016

INONDATIONS – Quel avenir climatique et quelles conséquences pour le Vietnam ?





Nous qui pensions que les inondations de cet été étaient derrière nous et que le soleil reviendrait enfin régner à nouveau très vite en maître, voici que depuis la fin du mois d’Octobre 2016 les pluies à répétition nous laissent songeurs quant à l’impact du changement climatique. Nous sommes en plein mois de décembre, et nous voici toujours contraints de ne plus quitter imperméables, parapluies, pulls et écharpes (oui à Saigon avec 23°C quand il fait humide on a très froid !). Le ciel gris plombant et déprimant semble ne plus vouloir nous quitter… bref le nord est au sud, et le climat sens dessus dessous !

Au-delà de ces quelques désagrément du quotidien c’est bien évidemment à l’importante modification du régime des pluies à laquelle on peut déjà assister et à la montée significative du niveau des eaux auxquelles on pense immédiatement et à leur impact sur les populations et la vie économique du pays.

Le riz au cœur de tous les enjeux

Le Vietnam compte parmi les 15 pays au monde les plus vulnérables aux conséquences du changement climatique, notamment Ho Chi Minh-Ville et toute la pointe sud du pays classées en risque « extrême ». Selon le Ministère des Ressources et de l’Environnement, la montée des eaux pourrait atteindre à l’horizon 2100 un mètre avec pour conséquence la disparition pure et simple de 5% des terres du pays, en particulier dans le delta du Mékong, « le grenier du Vietnam » (qui assure plus de la moitié de la production nationale de riz et hisse le pays au deuxième rang des plus grands exportateurs mondiaux de riz). Selon l’Institut d’Études du Développement du Delta du Mékong, 2,4 millions d’hectares de cultures seraient envahis d’eau de mer. Cette modification menacerait la sécurité alimentaire du pays. Plus d’un Vietnamien sur dix serait affecté́ et le pays verrait l’apparition du phénomène des réfugiés climatiques dès 2050 avec près d'un million d'habitants du delta du Mékong contraints de changer de lieu de vie en raison de grandes crues, inondations ou sécheresses.

Concrètement la consolidation du réseau de digues et d'évacuation des eaux usées ne suffiront pas à contenir le problème. C’est pourquoi depuis les années 2000, date à laquelle la pénétration des eaux salées ne connaît plus de répit, tous les personnels de l’Institut de Recherche sur le Riz du Delta du Mékong sont au chevet du riz. Les rendements ont baissé d’environ 15%, sur 90 espèces de riz, une trentaine sont menacées par ces changements. Les variations de températures entraînent des pertes de productivité importante et facilitent la prolifération de pathologies. À force de croisements, les chercheurs ont réussi à développer des variétés de riz hybrides résistantes à la salinité et fournissant des rendements élevés. Cette variété expérimentale attend la certification. Les experts doivent tester sa résistance aux maladies, sa qualité gustative et sa sécurité alimentaire à long terme. Si elle est validée en 2017, elle aidera les riziculteurs à survivre dans un environnement qui se dégrade.


Nguyen Thi Lang, de l’Institut de Recherche sur le Riz du Delta du Mékong, dans une des serres où elle ddéveloppe des variétés de riz hybrides © Olivier Donnars

Au-delà du riz, de réels défis de développement économique et de vraies menaces pour la santé publique

Le manque d’eau, comme à l’inverse, l’excès d’eau, ainsi que la perte des terres de cultures, étant de nature à compromettre gravement son objectif de réduction de la pauvreté et celui du développement durable, le gouvernement vietnamien a adopté en 2008 un National Target Program to Respond to Climate Change (NTP-RCC). Celui-ci fait de la lutte contre le changement climatique une priorité du pays.

L’enjeu est d’introduire dans les politiques de développement du Vietnam la prise en compte du changement climatique. Les objectifs globaux sont multiples : - Réduire les émissions de gaz à effet de serre secteur par secteur ; - Minimiser l’impact du réchauffement sur la croissance économique et sur la réduction de la pauvreté.

Dans le secteur énergétique, l’ambition est de développer les sources d’énergie renouvelable (hydraulique, solaire et éolienne) et de convertir le Vietnam à la sobriété et à l’efficacité – autrement dit, consommer moins avec la même qualité de service.

Mais il ne faut pas s’arrêter au seul problème de la montée des eaux. La hausse des températures accroît l’humidité de l’air qui favorise la prolifération des maladies, notamment la dengue. Et comme les quantités d’eau douce et potable diminuent, les populations locales n’ont parfois pas d’autres choix que de consommer des liquides pollués ou salés provoquant des maladies diarrhéiques dont le nombre pourrait augmenter de 10% dans les 15 prochaines années.

Le temps est à l’action

Les changements climatiques sont une réalité au Vietnam. Le pays est bien conscient des conséquences du péril climatique et a exprimé au niveau international sa détermination à contrecarrer ce phénomène.

En effet, lors de la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) tenue en décembre 2015 à Paris, le Vietnam a affirmé qu’en dépit de son statut de pays en voie de développement lourdement touché par les impacts du dérèglement du climat, il s’engageait à diminuer de 8% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Cette réduction pourrait se monter à 25% avec le soutien efficace de la communauté internationale.

Kelly S. (lepetitjournal.com/Hochiminhville) 14 Décembre 2016



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