Amelia Earhart est connue pour être la première femme à avoir traversé l’Atlantique en avion et en solitaire. C’était en 1932. Cinq ans plus tard, elle disparaît mystérieusement, alors qu’elle fait le tour du monde en avion. Un groupe de chercheurs américains continue encore d’enquêter. D’après eux, l’aviatrice ne serait pas morte dans le crash de son appareil…
« C’était une chose faite de bois et de fil de fer rouillé et vraiment sans intérêt. » Amelia Earhart a dix ans quand elle écrit ses mots. Elle vient de voir un avion pour la première fois. Elle ne se doutait pas que vingt-cinq ans plus tard, elle serait la première femme à traverser l’Atlantique en solitaire aux commandes d’un avion.
Ce 20 mai 1932, elle décolle de Terre-Neuve, à bord d’un Lockheed Vega. Dans son paquetage, des sels de carbonate d’ammonium à inhaler si elle s’endort, une bouteille isotherme de potage et une brique de jus de tomate. Elle affronte deux tempêtes, le givre, un altimètre cassé et se pose en catastrophe dans un champ de Londonberry, au nord de l’Irlande à la place de Paris. Mais qu’importe, le défi est relevé !
Disparition dans le Pacifique
Elle s’élance pour ce long périple, le 1er juin 1937, avec à ses côtés, Frederick J. Noonan, un aviateur irlandais. Le duo traverse le continent américain, puis l’Afrique dans sa plus grande largeur, la péninsule arabique, l’Inde, puis se dirige vers le sud-est asiatique et l’Indonésie. Une longue pause les retient sur l’île de Java pour réviser l’appareil. Amelia et Frederick reprennent leur parcours et volent vers l’Australie. Avant de décoller vers la Nouvelle-Guinée, l’équipage se débarrasse de ses parachutes, estimant qu’ils ne leur seraient d’aucune utilité dans les 170 millions de km² du Pacifique. Le 2 juillet, alors que le duo doit rejoindre Howland (un minuscule îlot du Pacifique), puis Hawaii et enfin la Californie, leur avion disparaît des radars.
Le gouvernement américain dépêche neuf navires et 66 avions de recherche autour des dernières positions envoyées par Amelia Earhart, en vain. Le 18 juillet, les recherches prennent fin. Selon les autorités, l’appareil se serait abîmé dans les flots, à 120 miles (560 km), de Howland et les deux pilotes seraient morts dans le crash.
Cette version ne satisfait pas le Groupe international pour la recherche d’avions historiques (TIGHAR), composé de plusieurs experts. Son directeur, Ric Gillespie en est à sa douzième expédition sur Nikumaroro un atoll des îles Phoenix, dans l’ouest du Pacifique. Selon lui, en 1937, la pilote et Frederick Noonan se sont posés en urgence sur ce récif, car ils manquaient de carburant. Amelia serait décédée quelques jours après, naufragée sur cet îlot.
Cet été, Ric Gillespie expliquait dans une vidéo que « plus de 100 messages radios avaient été émis par Amelia Earhart durant six jours, entendus au Texas, en Floride et même à Melbourne ». Il dit avoir parlé directement aux opérateurs radios et lu des rapports à ce sujet. « Ils ont reconnu sa voix. C’est très clair dans leur tête. »
Un humérus relance des hypothèses
Depuis 2014, de nouveaux indices viennent appuyer la théorie du TIGHAR. Les chercheurs ont pu établir qu’un morceau d’avion en aluminium, retrouvé en 1991 sur Nikumaroro provenait de l’appareil d’Amelia Earhart. Lors du tour du monde, elle avait fait réparer son avion à Miami. Une pièce sur-mesure avait été rivetée au niveau d’un hublot. Elle est visible sur une photo publiée en juin 1937, dans un journal local. Les équipes de TIGHAR ont comparé les dimensions (61 cm sur 46 cm, du sur-mesure) qui correspondent « comme des empreintes digitales ».
Leur découverte n’a pas convaincu tout le monde. « Comment établit-on qu’un morceau d’aluminium appartient à un certain Lockheed Electra (l’avion d’Earhart), sans avoir un numéro de série ou quelque chose dessus ? », a relevé Dick Knapinsky, porte-parole de l’Experimental Aircraft Association.
Mais le TIGHAR continue à récolter minutieusement les indices. Des ossements avaient été découverts en 1940, sur Nikumaroro. Les premières analyses, réalisées sur les îles Fidji, établissaient qu’il s’agissait d’os masculins. Le TIGHAR se procure le dossier en 1998 et relance des analyses. Elles concluent que les os ont pu être ceux d’une femme, plus grande que la moyenne.
Cette année, un légiste, Jeff Glickman a comparé, toujours sur demande du TIGHAR, un des os retrouvés sur Nikumaroro avec plusieurs photographies des avant-bras d’Amelia Earhart. « Il a découvert que l’humérus d’Earhart était très similaire à un des os retrouvés sur l’îlot », indique le rapport du TIGHAR. « Cela fait 25 ans que je travaille sur ce dossier. Au fil des années, le corpus de preuves s’est étoffé et devient de plus en plus convaincant », a déclaré le légiste au Washington Post, au début du mois de novembre. Pour les 80 ans de la disparition de la pilote, l’année prochaine, le groupe projette de se rendre une nouvelle fois près de l’îlot Nikumaroro, mais cette fois, avec un sous-marin.
(ouest-france.fr | 5 Dec 2016)
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