samedi 26 novembre 2016

La Birmanie procède à «un nettoyage ethnique» de la minorité rohingya


Par RFI Publié le 25-11-2016


Une famille au milieu de ce qu'il reste d'un marché incendié dans un village rohingya dans l'Etat de Rakhine, le 27 octobre 2016.
Reuters/Soe Zeya Tun


Ces derniers jours, des milliers de membres de la minorité Rohingyas ont franchi la frontière vers le Bangladesh. Ils tentent d’échapper aux opérations militaires des soldats birmans qui se sont déployés à la frontière après les attaques meurtrières menées début octobre contre des postes de police. Le Bangladesh a annoncé jeudi 24 novembre qu’il allait renvoyer en Birmanie des dizaines de Rohingyas. John McKissick dirige l’agence du Haut-Commissariat pour les réfugiés à Cox’s Bazar, au Bangladesh, près de la frontière birmane. Pour lui, Rangoon veut procéder à un «nettoyage ethnique».

Viols en réunion, tortures, meurtres et massacres : les témoignages des musulmans Rohingyas fuyant par milliers la Birmanie bouddhiste vers le Bangladesh font état des violences inouïes que leur font subir les soldats birmans.

« La situation est très grave en ce moment au Bangladesh, mais il faut se pencher sur les causes, qui sont en Birmanie, souligne sur la BBC John McKissick, qui dirige l’agence du Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (UNHCR) à Cox’s Bazar, au Bangladesh. Parce qu’après l’assassinat le 9 octobre de neuf garde-frontières, les militaires et la police des frontières ont entrepris de punir collectivement la minorité Rohingyas, tuant les hommes, les abattants, massacrant les enfants, violant les femmes, brûlant les maisons et les pillant, obligeant ces gens à franchir le fleuve entre les deux pays. »

Quelque 30 000 personnes ont été déplacées par les violences qui ont fait des dizaines de morts depuis octobre dans l'Etat de Rakhine, dans l'ouest de la Birmanie, où se concentrent les Rohingyas, selon l'ONU. Ignorant les pressions de la communauté internationale l'exhortant à ouvrir sa frontière pour éviter une crise humanitaire, les autorités bangladaises ont appelé la Birmanie à prendre des « mesures urgentes » pour que cesse l'entrée sur son territoire des Rohingyas.

« C’est très compliqué pour le gouvernement bangladais d’annoncer que la frontière est ouverte, parce que cela encouragerait encore plus le gouvernement birman à continuer ces atrocités et à pousser les Rohingyas vers la sortie, jusqu’à ce que la Birmanie ait atteint son objectif : un nettoyage ethnique de la minorité musulmane dans le pays », alerte-t-il.

« Cela étant dit, on doit faire face à l’afflux de réfugiés, poursuit John McKissick. Les Bangladais ont été vraiment très généreux dans leur accueil, mais ce sont eux-mêmes des gens pauvres, et quand leurs ressources se seront taries, ce sera au gouvernement et aux Nations unies - si on fait appel à elles - d’assister ces gens qui sont dans une situation désespérée. »

Avec AFP



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