dimanche 18 septembre 2016
Russie. 110 millions de Russes appelés à voter pour les législatives
Des soldats votent à Moscou en ce dimanche d'élections législatives. | Photo EPA
Plus de 110 millions de Russes sont appelés aux urnes, ce dimanche, pour des législatives que le parti pro-Kremlin au pouvoir devrait remporter sans surprise. Le pays est frappé par la récession économique et la campagne a été apathique.
Les premiers bureaux de vote ont ouvert, samedi, à 21 h, heure de Paris, sur la péninsule volcanique du Kamtchatka, dans l'Extrême Orient russe mais -- immensité du pays et onze fuseaux horaires oblige -- la majorité des électeurs ont commencé à se rendre aux urnes à partir de 6 heures dimanche matin dans la partie européenne du pays, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg.
Après la clôture du vote à 19 heures à Kaliningrad, enclave russe au cœur de l'Union européenne, les premiers sondages sortis des urnes sont attendus.
« Ils promettent tous beaucoup, mais rien ne change »
« Voter est important pour moi, pour que notre vie soit meilleure », raconte à la sortie d'un bureau de vote Valentina Panteleïeva, 75 ans, qui avoue avoir voté pour un candidat médecin de formation, « car il chante très bien ». « La campagne électorale était inintéressante. Ils promettent tous beaucoup, mais rien ne change », lance pour sa part Alexandre, retraité, qui assure être venu malgré tout voter pour que « les autres ne choisissent pas » à sa place.
Crise économique
Ces élections se déroulent alors que le pays traverse une profonde crise économique. La chute du prix des hydrocarbures, qui représentent une part importante des revenus budgétaires, et les sanctions occidentales décrétées à la suite de la crise ukrainienne ont provoqué la plus longue période de récession depuis l'entrée en scène politique de Vladimir Poutine en 1999.
En Crimée
Le scrutin intervient par ailleurs dans un contexte politique exceptionnel : il s'agit de la première consultation à l'échelle nationale depuis l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée, le déclenchement du conflit dans l'Est séparatiste pro-russe de l'Ukraine et la pire dégradation dans les relations avec les Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.
Le scrutin fera office de test en Crimée, où les habitants participent pour la première fois à une élection russe.
Ces législatives où plus de 6 500 candidats issus de 14 partis sont en compétition pour 450 sièges à la Douma d'État, chambre basse du parlement, vient en outre après près d'un an d'une intervention militaire inédite en Syrie qui a fait de la Russie le maître du jeu dans le conflit.
Les électeurs devront également renouveler certains parlements régionaux et élire leurs gouverneurs. À ce titre, le président tchétchène Ramzan Kadyrov devra pour la première fois faire face aux électeurs depuis sa nomination à ce poste par le Kremlin en 2007.
Poutine peut être serein
Vladimir Poutine, fort d'une popularité record d'environ 80 %, notamment en raison du rattachement de la Crimée largement salué par les Russes, et son parti Russie Unie, qui domine actuellement la Douma, peuvent envisager ce scrutin sereinement, assurés d'une victoire qui mettrait le président russe sur les rails d'un éventuel 4e mandat, s'il décidait à se représenter à la présidentielle de 2018.
« Je vous demande d'aller aux urnes, de voter, d'exprimer votre position », a déclaré jeudi Vladimir Poutine, 63 ans, lors d'une allocution télévisée. « Faites votre choix, votez pour la Russie ! », a-t-il lancé.
Transparence ?
Contrairement aux élections législatives de septembre 2011, dénoncées comme frauduleuses par des centaines de milliers de manifestants descendus dans la rue, le Kremlin semble cette fois vouloir donner au processus électoral plus de transparence.
Le président russe a ainsi placé à la tête de la commission électorale centrale l'ex-déléguée aux droits de l'homme auprès du Kremlin, Ella Pamfilova, pour remplacer Vladimir Tchourov, accusé par l'opposition d'avoir manipulé les résultats de plusieurs élections.
Peu d'engouement
Le scrutin, où la moitié des députés seront pour la première fois élus au suffrage majoritaire, n'a toutefois suscité que peu d'engouement en Russie. L'ONG de défense des droits des électeurs Golos a ainsi dénoncé dans son rapport « la campagne électorale la plus molle et la moins active de ces 10 dernières années ».
L'opposition libérale, qui a cette fois eu l'occasion de présenter beaucoup plus de candidats que lors du scrutin précédent en 2011 et de diffuser ses clips de campagne à la télévision, a échoué à surmonter ses querelles internes et n'a pu présenter une liste commune.
(ouest-france.fr)
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