jeudi 15 septembre 2016

Philippines «C'est le maire Duterte qui l'a achevé»



Un ancien «tueur» accuse le président fraîchement élu d'avoir dirigé un escadron de la mort durant une vingtaine d'années.


Edgar Matobato aurait tué de nombreuses personnes en 25 ans au service de Rodrigo Duterte. Image: Keystone

Rodrigo Duterte a abattu un fonctionnaire et ordonné le meurtre de nombreux opposants quand il n'était que maire, a affirmé jeudi devant le Sénat philippin un homme se présentant comme un «tueur» repenti, dans un témoignage explosif contre le chef de l'Etat. Edgar Matobato, 57 ans, a lancé ces accusations devant la commission sénatoriale enquêtant sur la recrudescence d'homicides aux Philippines depuis l'investiture du président le 30 juin.

«Escadron de la mort»

Il a affirmé qu'il avait appartenu à un «escadron de la mort» composé de policiers et d'anciens rebelles communistes qui, sur ordres de Rodrigo Duterte, avait en 25 ans tué un millier de personnes, dont une jetée vivante aux crocodiles. Beaucoup d'autres furent étranglées, leur dépouille brûlée, coupée en morceau et enterrée dans une carrière appartenant à un policier du sinistre groupe. D'autres cadavres furent abandonnés en mer. «Notre boulot était de tuer des criminels, des violeurs, des dealers et des voleurs. Et c'est ce que nous faisions», a-t-il dit. «On tuait quasiment tous les jours.»

La sénatrice Leila de Lima, une ancienne ministre de la Justice, a affirmé qu'Edgar Matobato s'était rendu en 2009 à la Commission philippines sur les droits de l'Homme qu'elle présidait alors. Elle a précisé qu'il avait ensuite été pris en charge par un programme de protection de témoins. Interrogé sur ces graves accusations, un porte-parole du président a affirmé qu'elles avaient déjà fait l'objet d'une enquête. Le fils du chef de l'Etat, Paolo Duterte, a balayé ces affirmations comme de «simples ouï-dire» proférés par un «fou».

«Il a vidé deux chargeurs de Uzi sur lui»

Edgar Matobato a raconté ce jour de 1993 où son escadron de la mort était en mission quand ils étaient tombés nez à nez sur une route avec le véhicule d'un certain Jamisola, un agent du Bureau national d'investigation, un service du ministère de la Justice. L'affrontement verbal avait dégénéré en fusillade, a-t-il dit. Alors maire de la grande ville méridionale de Davao, Rodrigo Duterte, était ensuite arrivé sur les lieux.

«C'est le maire Duterte qui l'a achevé. Jamisola était toujours en vie quand il est arrivé. Il a vidé deux chargeurs de Uzi sur lui.» Rodrigo Duterte est de longue date accusé par les organisations de défense des droits de l'Homme, d'avoir financé des escadrons de la mort à Davao, dont il a été maire pendant l'essentiel des trois dernières décennies. Mais c'est la première fois qu'un témoignage aussi précis vient soutenir ces allégations. (afp/nxp)

(Lematin.ch)
(Créé: 15.09.2016, 09h47)

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