mercredi 13 juillet 2016

La Haye a rejeté les revendications chinoises sur zone de la mer de Chine méridionale



La Cour permanente d’arbitrage de La Haye a statué en faveur des Philippines dans le conflit territorial qui l’oppose à Pékin en mer de Chine, jugeant les revendications chinoises infondées. Pékin vocifère, Manille reste prudent.

Dans une décision historique rendue le 12 juillet, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a donné tort à la Chine. “Le Tribunal considère qu’il n’y a pas de base légale aux revendications historiques de droit aux ressources dans les zones maritimes à l’intérieur de la ‘ligne en neuf points’.” Cette ligne dessinée il y a plus de cinquante ans par Pékin correspond à une zone de la mer de Chine méridionale que Pékin revendique.

“Il a été finalement déterminé que la mer des Philippines occidentales [appellation de Manille] appartient bien aux Philippines et non pas à la Chine”, a aussitôt annoncé le Philippine Daily Inquirer.

Le secrétaire d’Etat des Philippines, Perfecto Yasay Jr., cité par le site du quotidien, a salué cette décision durant une très courte conférence de presse – mais il a exhorté les Philippins “à la mesure et à la sobriété”.



La Cour permanente d’arbitrage de La Haye “a émis une décision illégale et invalide, a affirmé l’agence officielle Xinhua à l’annonce de la décision. La Chine ne l’accepte pas, ne la reconnaît pas.”

Intimidation et grandes manœuvres

Les deux pays se disputent la souveraineté sur les eaux et les atolls de cette partie de la mer de Chine méridionale. La Chine a consolidé des récifs coralliens et contrôle depuis 2012 le récif de Scarborough, situé à l’intérieur de la Zone économique exclusive (ZEE) philippine. Elle y a progressivement installé une base aérienne.

Dans un éditorial, l’agence officielle chinoise qualifie en outre la décision d’arbitrage d’“absurde”, de contraire au droit et d’inéquitable. Elle a “brisé l’ordre et la sécurité régionale ainsi que le système de dialogue, elle ne stabilise pas l’Asie-Pacifique, elle y crée le désordre, c’est un fauteur de troubles”. La Cour crée “un précédent dangereux”, affirme Xinhua.

“La Chine sera ferme comme un roc face aux vagues ou aux œufs pourris, titre ce 12 juillet le quotidien officiel Huanqiu Shibao. Elle a annoncé à l’avance qu’elle considérerait cette annonce comme un ‘bout de papier usagé’. Quant à savoir si l’arbitrage créerait une grave crise politique, le monde entier se pose la question.”

Le quotidien officiel Renmin Ribao avertit dans une analyse : “L’emploi abusif du droit international sera un coup porté à l’ordre international.” L’organe du Parti communiste chinois poursuit : “Les forces occidentales qui représentent les Etats-Unis ont depuis longtemps brandi leur porte-voix sur la scène internationale. Elles ont semé les nuages qui assombriront leurs propres cieux, elles sont responsables de leur confusion entre le vrai et le faux.”

Une stratégie dangereuse ?

Les Philippines ont porté le dossier devant la juridiction internationale en 2013, après plus de “dix-sept ans de concertations bilatérales avec la Chine”, rappelle The Manila Times. La décision est un test pour le nouveau président Rodrigo Duterte, qui a pris ses fonctions le 30 juin dernier. Il s’était montré plus conciliant envers la Chine que son prédécesseur Roberto Aquino. Désormais, il devra assumer les conséquences du jugement favorable à son pays. Une réunion d’urgence a été convoquée au palais présidentiel dans l’heure qui a suivi la décision.

Pourtant, des analystes interrogés par The Manila Times avant l’annonce de la décision s’interrogeaient sur la valeur qu’aurait un jugement favorable aux Philippines. “Le défi sera désormais de capitaliser sur cet avantage”, expliquait ainsi Lauro Baja, représentant permanent des Philippines aux Nations unies.

Certains regrettaient une stratégie uniquement juridique, qui a fait perdre aux pays la possibilité de consolider des alliances et de trouver une solution concrète. Rosario Manalo, ancien sous-secrétaire d’Etat des Philippines en charge des Relations économiques, indiquait au Manila Times que “la décision arrive tardivement, d’autant que la Chine a déjà construit des îles artificielles dans la zone disputée. […] Ils ont déjà mangé tous les territoires.” Et d’ajouter que, selon les règles internationales, “le pays qui contrôle est propriétaire”.

http://www.courrierinternational.com/

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