Après quarante ans d'embargo, les Etats-Unis vont vendre des armes au Vietnam pour sa sécurité maritime. C'est un tournant historique pour les Etats-Unis qui s'interdisaient depuis la fin de la guerre du Vietnam, en 1975, de fournir des armes à leur ancien ennemi. Cette levée partielle de l'embargo américain sur les ventes d'armes à Hanoï concernera « des équipements de défense létaux, mais uniquement à des fins de sécurité maritime » comme, par exemple, des bateaux-patrouilleurs armés, ont précisé des diplomates américains.
L'administration
du président Barack Obama a érigé l'Asie au rang de région phare
de sa politique étrangère, ce que diplomates et
experts ont baptisé le « pivot » ou le « basculement » de l'Amérique vers l'Asie-Pacifique.
Dans ce contexte, avant une
grande tournée asiatique en novembre de M. Obama, son secrétaire d'Etat
John Kerry a reçu jeudi son homologue vietnamien Pham Binh Minh, également
vice-premier ministre.
SÉCURITÉ MARITIME
Il ne s'agit
pas, a argumenté l'un de ces responsables du département d'Etat,« d'un
désir soudain de transférer des équipements militaires au Vietnam », mais
plutôt « de répondre aux besoins spécifiques de la région ».
Quant aux restrictions sur les ventes d'armes, Washington devait faire évoluer son embargo « en raison de [ses] intérêts stratégiques
croissants pour aider les pays de la région à savoirce qui se passe dans leur environnement maritime », a expliqué un diplomate.
Une porte-parole du ministère des affaires
étrangères vietnamien a indiqué
que son gouvernement accueillait favorablement toute les mesures aptes à promouvoir le partenariat avec les Etats-Unis.
En revanche,
toute autre livraison d'équipements de défense au Vietnam reste prohibée tant que le
bilan des droits de l'homme ne s'améliorera pas franchement. Des progrès « modestes » en la matière ont cependant été
réalisés, a noté un responsable américain. Washington s'est aussi défendu d'avoir pris une « mesure contre la Chine ». Des sources américaines ont précisé que Washington pourrait vendre au Vietnam des appareils de
surveillance P-3 Orion d'occasion.
Cette décision a été immédiatement critiquée par des
organisations de défense des droits de l'homme. « C'est trop tôt. Ils ne l'ont pas mérité »,
a commenté John Sifton du groupe Human Rights Watch. « Ils continuent d'arrêter des gens. Le nombre d'arrestations et de condamnations diminue depuis
son record en 2013, mais le nombre de personnes arrêtées est toujours plus
important que celui de personnes remises en liberté », a-t-il
ajouté.
TENSIONS EN MER DE CHINE MÉRIDIONALE
Reste que
l'annonce survient au lendemain d'entretiens au département d'Etat entre John
Kerry et son homologue chinois Wang Yi, une rencontre assombrie par la crise politique à Hongkong.
Et les tensions restent vives en mer de Chine méridionale, dont Pékin
revendique la quasi-intégralité du territoire maritime. Elle y a des différends
territoriaux avec Brunei, la Malaisie, les Philippines et le Vietnam, ainsi qu'avec Taïwan, qui n'est pas membre de
l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean : Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam).
Les relations
ont été très difficiles ces derniers mois entre Pékin et Hanoï, après
l'installation en mai d'une plateforme pétrolière chinoise près de l'archipel
disputé des Paracels, provoquant au Vietnam des émeutes antichinoises.
Les Etats-Unis, qui officiellement ne prennent pas position sur ces conflits
territoriaux, avaient toutefois dénoncé les actions « déstabilisatrices » de Pékin. La Chine avait ensuite
retiré cette plateforme.
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