jeudi 2 mars 2017
Les millionnaires détestent-ils vraiment la France ?
Par Marie Merdrignac
Environ 12 000 millionnaires auraient quitté la France en 2016, selon le rapport d’un cabinet d’analyse sud-africain. Ils préféreraient le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, les États-Unis ou Israël, terres d’accueil des 82 000 millionnaires qui ont changé de pays de résidence et de travail l’an dernier. Mais les résultats sont à nuancer.
Les super riches quittent massivement la France. Ce sont les résultats d’un rapport de New World Wealth, un cabinet d’analyse sud-africain. Ce cabinet publie chaque année ses conclusions au sujet des déplacements des millionnaires, que New World Wealth définit comme les High net worth individuals (HNWIs), c’est-à-dire les personnes qui possèdent un patrimoine estimé à un million de dollars. Selon le site américain d’information financière MarketWatch, ils étaient 13,6 millions de HNWIs à la fin de l’année 2016.
Pour la deuxième année consécutive, la France est le pays qui a le plus perdu de millionnaires. Près de 12 000 d’entre eux auraient quitté l’Hexagone selon le cabinet, soit une augmentation de 20 % (ils étaient 10 000 en 2015). Le Brésil est aussi un grand perdant (300 % de millionnaires en moins en 2016, avec 8 000 départs), avec la Chine (9 000 départs) et la Turquie, qui compte, en 2016, 500 % de millionnaires en moins (1 000 départs en 2015 contre 6 000 en 2016).
Du côté des gagnants, l’Australie se hisse à la première place du podium pour la deuxième année consécutive avec 11 000 arrivées de millionnaires, puis les États-Unis avec 10 000 arrivées et le Canada avec ses 8 000 arrivées.
Selon le site américain d’information financière MarketWatch, ils étaient 13,6 millions d’individus à posséder un patrimoine estimé à un million de dollars, à la fin de l’année 2016. (Photo : Flickr)
Montée des tensions religieuses
Selon le cabinet, ces départs massifs de l’Hexagone s’expliquent par le système fiscal trop contraignant, le « manque d’opportunités économiques » à Paris, mais aussi par « la montée des tensions religieuses entre chrétiens et musulmans notamment dans les zones urbaines ».
New World Wealth précisait dans son rapport pour l’année 2015, que la tendance n’allait pas s’inverser pour le pays. « Nous nous attendons à ce que la fuite des millionnaires s’accélère en France, au cours de la prochaine décennie, à mesure que les tensions vont s’intensifier. » D’autres pays seront confrontés au même phénomène avance le cabinet, la Belgique, l’Allemagne, la Suède, et le Royaume-Uni.
La popularité croissante du parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen et son approche extrêmement conservatrice en matière d’immigration et de mondialisation font partie cette année, des explications avancées par le cabinet sud-africain.
À l’opposé, l’Australie est une destination prisée par les millionnaires qui y trouvent un système de santé de qualité, un accueil généreux, une bonne économie et de la sécurité. L’emplacement géographique, éloigné des conflits du Moyen-Orient et proche de pays émergents (Chine, Singapour, Inde etc.), est aussi un atout.
L’Australie est la destination préférée des millionnaires qui se déplacent. (Photo : Pexels)
Des sources peu fiables
Mais ces résultats sont discutables. D’abord parce que toutes les études ne s’accordent pas sur la même définition de « millionnaire ». Certaines privilégient les richesses privées mais pas le patrimoine immobilier ni les parts détenues dans une entreprise, d’autres prennent en compte la valeur de la résidence principale dans le patrimoine. Par conséquent, le nombre de millionnaires est variable.
Celui concernant ceux qui quittent la France l’est tout autant. « Les estimations varient de quelques centaines à quelques milliers, sans qu’il soit possible de savoir avec précision qui sont ces Français qui quittent le territoire », indique le journal Les Échos dans un article de 2015.
Quant à la méthodologie de New World Wealth, elle n’est pas très claire. Leurs sources sont indiquées dans la notice du rapport : on y trouve des statistiques sur les visas d’investisseurs, d’autres sur les achats et les ventes de propriétés par pays, des entretiens avec environ 800 millionnaires et des « intermédiaires » (experts en migration, gestionnaires de fortunes, etc.), ainsi que des recherches sur les mouvements de millionnaires dans les médias.
Des sources jugées peu fiables, notamment pour comprendre l’implication des « tensions religieuses » mises en avant dans le rapport, dans les décisions de départ. À l’occasion de la publication du rapport sur l’année 2015, le site Les Décodeurs du journal Le Monde avait tenté d’en savoir plus sur la méthodologie du cabinet sud-africain… sans succès.
http://www.ouest-france.fr
mercredi 1 mars 2017
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