jeudi 23 mars 2017

Attentat à Londres. La démocratie de nouveau attaquée



Après Paris, Bruxelles, Nice, Berlin, le terrorisme frappe de nouveau au cœur de l’Europe. Cette fois, c’est à Londres que des innocents ont été pris pour cible. | Reuters


Laurent Marchand

Après Paris, Bruxelles, Nice, Berlin, le terrorisme frappe de nouveau au cœur de l’Europe. Cette fois, c’est à Londres que des innocents ont été pris pour cible. Notamment un groupe de lycéens venus de Concarneau.

La première pensée ne peut que se tourner vers les blessés et les familles des victimes pour leur adresser toute la compassion et la solidarité possibles. Leur douleur vient s’ajouter à une liste déjà longue, trop longue, de souffrances infligées par les terroristes aux quatre coins du monde.

L’enquête déterminera les circonstances précises et les contours de cette attaque, mais certains éléments méritent d’être soulignés. Le lieu choisi, tout d’abord. Westminster, au cœur de Londres. L’un des lieux les plus illustres de la démocratie moderne, où des hommes éclairés ont su faire prévaloir la force du droit sur la force tout court.

Ne nous y trompons pas. Ce n’est pas seulement le coup d’éclat planétaire que garantissait, dans la tête malade des auteurs de ce crime, le choix de ce site mondialement connu et respecté. C’est bien la démocratie elle-même qui est visée. Comme elle l’était à Paris et dans toutes les villes attaquées ces dernières années. La riposte doit en tenir compte, c’est-à-dire résister à la tentation d’une croisade qui en sacrifierait les principes.

Le deuxième élément, c’est le mode opératoire. Il ressemble à s’y méprendre aux faits de Nice et plus récemment d’Orly. Un mode rudimentaire. L’attaque a été perpétrée au moyen de deux instruments de la vie quotidienne, un véhicule et un couteau. Détournés de leur usage commun pour être transformés en armes mortelles.

Tous Londoniens

Ces éléments dénotent une technique à la fois très peu élaborée et en même temps terriblement angoissante. Un fou peut surgir à tout moment et cibler des innocents. Nos sociétés le savent désormais. L’enquête nous dira s’il a bénéficié, en l’occurrence, de complices. S’il s’agit ou non, comme à Nice, d’un radicalisé de fraîche date. Ou au contraire d’un dessein plus articulé.

Le troisième élément, c’est le contexte. Très tendu et très menaçant. Tous les services de sécurité européens sont sur la brèche depuis des semaines. Ils l’étaient particulièrement à Bruxelles, hier, où les autorités belges et européennes commémoraient les trente-deux morts de l’an dernier. Mais ils le sont de manière constante, dans toutes les capitales.

Car les assassins de l’ombre qui cherchent à terroriser l’Europe rôdent. Ce n’est pas une armée, ne leur offrons pas cet honneur, mais c’est une terrible menace. Constante. Diffuse. Contre laquelle nos gouvernements doivent lutter avec la plus grande fermeté et face à laquelle la population doit se comporter avec la plus grande vigilance.

Depuis des semaines, des signaux des services de renseignement avertissaient de l’ampleur de la menace au moment où l’un des fiefs de Daech, Mossoul, est en train d’être repris. Environ 2 500 djihadistes issus des pays de l’Union européenne se trouveraient dans la zone des combats. Ce sont autant de mines en mouvement, tout comme ceux qui ont fait le voyage d’Irak ou de Syrie et qui sont déjà rentrés en Europe.

L’attaque de Londres doit nous inciter à remettre à plat la hiérarchie de nos préoccupations. Nous sommes tous Londoniens, même au temps du Brexit. Nous sommes tous défiés sur le continent par des enjeux sécuritaires et stratégiques sans précédent depuis deux générations. Ils exigent fermeté, calme et lucidité. Pour ne pas céder à la peur.

Ouest-France.
Publié le 23/03/2017
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