Par Johann FLEURI
Passionnée d’alpinisme, la jeune Japonaise Marin Minamiya a déjà gravi les sept plus hauts sommets du monde, à 19 ans. Elle se prépare maintenant pour le pôle Nord.
Elle est émouvante, Marin Minamiya. La chevelure parfaitement posée sur l’épaule, les mains qui tremblent, la voix qui hésite. À la lecture de son récit d’aventurière, on n’avait presque oublié qu’elle n’a que 19 ans. Pourtant lorsqu’elle prend la parole ce matin-là, elle est intimidée, comme le serait n’importe quelle autre jeune femme de son âge.
Pour elle, l’alpinisme, qu’elle décrit comme un « hobby », est lié à une « recherche identitaire ». Marin Minamiya n’a pas eu une enfance comme les autres. Elle n’a qu’un an et demi lorsqu’elle quitte le Japon pour la Malaisie, pays où son père est muté. Suivront Shanghaï et Hong Kong. Elle parle japonais à la maison, anglais à l’école, chinois avec ses amis. « À cette époque, je suis entrée dans une sorte de confusion, je me cherchais. Je n’arrivais pas à comprendre qui j’étais. Étais-je japonaise ? Chinoise ? Européenne ? Mes parents voulaient que je trouve ma voie, seule. »
« En communion avec la nature »
Depuis les gratte-ciel de Hong Kong, elle aperçoit le mont Victoria. Sa première montagne. « J’avais 13 ans et avec des amis, nous sommes allés au sommet. Ce n’était pas très haut mais j’ai ressenti quelque chose de fort. J’étais émue du décalage entre l’urbanisme que j’observais et l’état de sérénité dans lequel je me sentais. C’est aussi cela l’alpinisme : entrer en communion avec la nature et avec soi-même. Accéder à un état de méditation dans l’effort. »
Un an plus tard, Marin part à Katmandou en mission de volontariat. Bouleversée par l’Everest, elle rencontre Ming Kipa, une jeune Népalaise qui lui confie « devoir marcher trois heures par jour pour aller à l’école et recevoir son seul repas de la journée. Malgré ses conditions de vie, elle avait un but : gravir cette montagne. »
Ce qu’elle fera, en 2003, devenant la plus jeune personne au monde à avoir accompli l’expédition (détrôné depuis par Jordan Romero, 13 ans, en 2010). « Elle est devenue une source d’inspiration importante dans ma vie. »
L’Everest en 2016
Le virus ne la lâchera plus. Elle s’entraînera avant de s’attaquer, en 2015, au mont Aconcagua, en Argentine, en janvier, au Kilimandjaro, en Tanzanie, en août et au Kosciuszko, en Australie, en décembre. L’année suivante, elle se rendra sur le mont Vinson en Antarctique avant le mont Elbrouz, en Russie et l’Everest en mai. « Là, j’ai fondu en larmes. Le lever de soleil était si beau. »
En juillet, en atteignant le sommet du Denali, elle devient la plus jeune Asiatique à avoir gravi les sept plus hauts sommets du monde, sur sept continents différents. Un exploit que seules 51 personnes ont accompli. Une prouesse qu’elle dit devoir à une condition physique naturelle.
« Je peux m’adapter facilement à l’air de la montagne. Et je n’ai jamais pris de risques pour ma vie. » Même si elle avoue avoir eu quelques frayeurs. « J’ai fait une chute de 250 mètres l’été dernier alors que je m’entraînais à Nagano sur le mont Amida, au Japon. J’ai eu de la chance. Un jeune homme est décédé l’année dernière au même endroit. »
Ses projets ? « Le pôle Nord en avril. Et Le Cap, en Afrique du Sud, cet été : je pars suivre une formation de navigation. Je voudrai m’entraîner pour traverser l’Atlantique en solitaire. »
Retrouvez Marine Minamiya sur son site : marinminamiya.com
http://www.ouest-france.fr
mercredi 8 mars 2017
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