Les jeunes sont de plus en plus pessimistes face à l'état de la société française, beaucoup se dépeignant comme une génération "sacrifiée" ou "perdue", mais ils restent confiants dans leurs propres capacités à surmonter les difficultés, selon une étude d'une sociologue du CNRS.
Chargée d'analyser le volet français d'une vaste consultation européenne auprès de jeunes de 18 à 34 ans, baptisée Generation What, la sociologue Anne Muxel, directrice de recherche au Cevipof (CNRS/Sciences Po) a comparé les réponses obtenues en 2016 avec de premiers résultats datant de 2013.
Réalisée à l'initiative des sociétés de production Upian et Yami 2 avec France Télévisions, cette consultation invitait les jeunes à exprimer leur point de vue sur la politique, la société, l'économie, et sur des sujets plus intimes (pratiques culturelles, rapport au monde du travail, relations personnelles ...).
A partir des réponses de 200.000 jeunes Français interrogés sur internet d'avril à mi-juillet 2016, la sociologue a constitué avec TNS Sofres un échantillon représentatif de 20.000 personnes, sur lequel elle a basé son analyse.
Selon Anne Muxel, leur pessimisme sur la société française, face à la crise économique et au chômage, "s'est encore amplifié depuis 2013". 73% pensent que "la crise économique aura un impact sur leur avenir" et 53% considèrent "que leur avenir sera plutôt pire" que la vie menée par leurs parents.
Mais ce pessimisme sur la société n'entame pas la confiance qu'ils ont en leurs possibilités de surmonter les difficultés. Une majorité (59%) a le sentiment de "maitriser son destin" et près d'un jeune sur deux (48%) juge que "pour réussir dans la vie on ne peut compter que sur soi-même".
Ils sont nombreux à envisager de quitter la France pour travailler à l'étranger: pour 70%, c'est une éventualité.
La défiance envers le système politique est "écrasante", selon la chercheuse. 87% n'ont pas confiance dans la politique, 99% pensent que les politiques sont plus ou moins corrompus, et seul un tiers (32%) se dit éventuellement disponible pour un engagement partisan. 93% pensent que "c'est la finance qui dirige le monde".
Cependant, les deux tiers (66%) ne sont pas d'accord avec l'idée que "les hommes politiques n'ont plus de pouvoir".
63% disent avoir confiance dans les organisations humanitaires. Il y a une forte propension à la démocratie directe et à la protestation: 63 % affirment qu’ils pourraient "participer demain ou dans les prochains mois à un grand mouvement de révolte".
La défense du pays est un objet de préoccupation. Près d'un jeune sur deux (48%) déclare "être prêt à se battre pour son pays" et 39% seraient d'accord avec le retour d'un "service militaire obligatoire pour tous".
AFP
16/12/2016
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