En Syrie, sous les bombes, des habitants d’Alep-Est lancent une sorte « d’ultime appel à l’aide ». Des vidéos et messages affluent sur les réseaux sociaux.
Ils s’appellent Bana, Lina, Abdulkai… Désespérés, souvent à bout, les Syriens d’Alep-Est attendent désespérément que le monde s’intéresse à leur sort. Depuis deux jours, ces civils, journalistes ou activistes font leurs adieux sur Twitter, Périscope, Facebook…
Abdulkafi Alhamdo est enseignant, reporter à Alep. Dans une vidéo postée sur Périscope et Twitter, le jeune homme livre un témoignage des plus poignants. Les larmes aux yeux, la voix tremblante, il déclare ne plus avoir foi dans l’Onu. Dans les décombres, cet habitant insiste : « Nous savons que nous avons été libres. Nous ne voulions rien d’autre que la liberté. Ce monde ne veut pas de la liberté. J’espère que vous vous souviendrez de nous. » Son témoignage a été partagé près de 100 000 fois.
Depuis le 24 septembre, Bana Alabed, une fillette de 7 ans, raconte son quotidien au cœur de la guerre syrienne. Mardi, la fillette tweetait ce message : « Mon nom est Bana, j’ai 7 ans. Je m’adresse au monde depuis l’Est d’Alep. Ceci est mon dernier moment de vie ou de mort. »
Bilal Abdul Kareem, journaliste et documentariste américain, en reportage à Alep, s’est lui aussi exprimé sur Twitter. « Peut-être mon dernier message. Les forces du régime approchent. » La nuit dernière, il postait ce message : « Bonne nouvelle à Alep. Il pleut. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas d’avion dans le ciel ! »
Lina Shamy, activiste, a elle aussi envoyé un message vidéo, retweeté près de 30 000 fois. « À tous ceux qui peuvent m’entendre, nous sommes ici exposés à un génocide. C’est peut-être ma dernière vidéo. Les civils sont menacés d’exécution par le régime d’Assad ou meurent sous les bombes. Plus de 180 personnes ont été exécutées dans les quartiers que le régime vient de reprendre. Chaque bombe est un nouveau massacre. Sauvez Alep, sauvez l’humanité. »
Rami Zien, journaliste syrien, a lui aussi posté un message d’adieu sur Twitter : « Merci le monde. Vous nous avez tués. Par le pouvoir du mal. »
Abou Jaafar est médecin légiste à Alep-Est. Il a publié ceci sur un fil de discussion de la messagerie Whatsapp : « La mort tombe du ciel. Souvenez-vous qu’il existait une ville appelée Alep et que le monde l’a effacée de la carte et de l’histoire. »
Une commission de l’Onu chargée d’enquêter sur les crimes de guerre commis en Syrie fait état ce mercredi de « nombreux signalements » d’exactions imputées aux forces gouvernementales. L’armée syrienne nie procéder à des exécutions sommaires de prisonniers et recourir à la torture. Les enquêteurs de l’Onu disent en outre disposer d’informations selon lesquelles les rebelles du Djabhat al Cham, ex-Front al Nosra, et d’Ahar al Cham empêchent les civils de fuir les combats ou se mêlent à eux.
Moscou accuse les insurgés d’utiliser plus de 100 000 personnes comme boucliers humains. Alors que de nouveaux bombardements ont empêché l’évacuation de civils et de rebelles ce mercredi, l’échec de la communauté internationale à protéger la population syrienne est flagrant. Ce conflit a fait depuis mars 2011 plus de 310 000 morts.
Ouest-france.fr| 14/12/2016
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