Après avoir tenté de voler le téléphone et le sac à main d’une femme, samedi 12 novembre, à Lagos, la principale ville du Nigeria, un jeune homme a été déshabillé et frappé par des hommes, qui lui ont ensuite mis un pneu autour du cou, avant de le brûler vif. Notre Observateur revient sur cette scène sordide.
Cette scène a été abondamment commentée sur les réseaux sociaux. Mais les versions diffèrent : certains racontent que le jeune homme était seul au moment des faits, tandis que d’autres affirment qu’il était avec un gang. Une chose est sûre : des crimes sont régulièrement commis à l’endroit où s’est produit la scène, à l’arrêt de bus Alafia, qui se trouve le long d’une voie express, dans le sud de Lagos.
Par ailleurs, des articles ont indiqué que la victime était un garçon de sept ans. Une information démentie par un commissaire de police sur Twitter, qui a affirmé qu’il s’agissait d’un adulte (voir ci-dessous). France 24 n’a toutefois pas obtenu de réponse des autorités pour avoir davantage d’informations.
deposited at the mortuary for autopsy.@PoliceNG investigation ongoing to determine how this ADULT MALE died.
Detail press release later.
3
— Abayomi Shogunle (@YomiShogunle) November 16, 2016
Le cadavre a finalement été retiré cinq jours plus tard par la police, dont l’inaction a été très critiquée sur les réseaux sociaux.
If the Nigerian police and Justice system did half their job. It'll reduce jungle justice considerably. People lost faith in the system.
— Ferdinand (@Burmese_Tyga) 17 novembre 2016
"Si la police nigériane et la justice ne faisaient ne serait-ce que la moitié de leur travail, cela réduirait considérablement ces actes de justice sauvages. Les gens perdent foi dans le système."
"Certaines personnes essayaient d’arrêter les hommes qui frappaient le voleur, mais d’autres les aidaient"
Ahmadu Alafia est un vendeur de thé, travaillant sur la route où le lynchage s’est produit.
Cela fait deux ans que je travaille ici. C’est une zone où il y a souvent des vols, notamment à la nuit tombée. Certaines personnes ont même été tuées par des voleurs.
Le 12 novembre, vers 5 h du matin, j’étais dans mon magasin lorsque j’ai vu des hommes courir après un jeune homme dans la rue, en criant "au voleur, au voleur !". Il avait volé un sac. Quand ils l’ont stoppé, nous nous sommes regroupés pour voir ce qui allait se passer. Ils ont commencé à s’en prendre à lui en utilisant des couteaux et d’autres armes. Dans la foule, certains ont essayé d’arrêter les hommes, mais d’autres les ont aidés. Ensuite, le voleur a été attaché. Quand il a arrêté de se défendre, ils ont utilisé un pneu et de l’essence pour le brûler vif. Il n’y avait pas de policier dans la zone pour le sauver.
Les scènes de justice populaire restent rares. Dans le passé, j’avais déjà vu des voleurs se faire tabasser, mais ce n’était jamais allé aussi loin. Je trouve que c’est barbare.
Le cadavre est resté sur le sol jusqu’à ce que des policiers le récupèrent, hier après-midi [le 17 novembre, soit cinq jour après, NDLR].
Ce lynchage a également choqué de nombreux Nigérians sur les réseaux sociaux. Mais certains ont à l’inverse fait savoir qu’ils approuvaient de telles pratiques.
Sur Twitter, un internaute affirme ainsi que son frère a été tué par des voleurs au même endroit, et que la victime de ce lynchage appartenait au gang ayant tué son frère. "Si j’avais été sur place, je l’aurais aspergé d’essence moi-même, afin de le brûler", écrit-il.
"Justice sauvage" : c’est le terme employé par les Nigérians pour désigner les lynchages ou les punitions publiques infligées aux criminels. L’un des exemples les plus connus remonte à 2012, lorsque quatre hommes accusés de vol, à tort, avaient été assassinés par la foule à Aluu, une ville dans le sud du pays.
(Observateurs |18/11/2016)
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