Par Pauline Gleize Publié le 23-11-2016
Reuters/Toby Melville
Le gouvernement britannique dévoile son budget rectificatif d'automne aux députés, ce mercredi 23 novembre. C’est le premier budget post-Brexit. Un Brexit qui a suscité tant d'inquiétudes pour l'économie britannique... Cinq mois après, le bilan est contrasté : une étude du Crédit suisse montre qu'en raison de la chute du cours de la livre, la richesse de la Grande-Bretagne a fondu de près d'un 1 milliard et demi de dollars. Un sondage révèle qu'un tiers des entreprises britanniques interrogées ont renoncé à des investissements après la victoire du 'oui' en juin. Mais la catastrophe prédite par certains ne s'est pas, ou pas encore, abattue sur l'économie du pays qui a connu au contraire quelques bonnes surprises.
La croissance du troisième trimestre a certes légèrement ralenti par rapport à celle des trois mois précédents, mais à 0,5%, elle est supérieure à ce qu'avaient prévu les analystes. Autre indicateur dans le vert : les ventes de détail ont progressé de 7,4% sur an. Cette hausse peut être due aux achats des touristes venus profiter de la dépréciation de la livre. Mais Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank, l’explique par le fait que « l’économie britannique est extrêmement résiliente. Elle résiste assez bien aux contre-chocs. » Elle a aussi été portée par « les mesures qui ont été présentées et qui ont permis de rassurer les entreprises et les consommateurs. Ils se rendent compte que finalement le Brexit ne change pas fondamentalement leur vie et qu’ils peuvent continuer à dépenser ». D’autant que « la situation au Royaume-Uni est favorable : le taux de chômage est au plus bas. Il y a une situation qui reste assez dynamique du côté britannique. »
Londres toujours attractive
L’autre bonne surprise de cet après-Brexit, c’est l’annonce ou la confirmation d’investissements au Royaume-Uni par plusieurs grandes entreprises. Google a annoncé la construction d'un nouveau bâtiment sur son campus londonien et jusqu'à 3000 emplois pourraient y être créés. Facebook, quant à lui, va ouvrir un nouveau siège en 2017 et créer 500 emplois dans le pays. Des investissements qui ne surprennent pas vraiment Chris Haley, en charge des recherches sur les start-up et les nouvelles technologies à la fondation pour l'innovation Nesta : « Le fait que Facebook et Google investissent à Londres est très intéressant, explique-t-il. C'est révélateur du fait que Londres a beaucoup d'atout. Il y a une population très qualifiée, des talents et de très bons services financiers. Et cela ne va pas changer du jour au lendemain », promet-il.
Ces avantages profitent également aux start-up. Dans une étude (réalisée avant le Brexit), Londres apparaît comme la ville européenne la plus favorable aux jeunes pousses. Et le « prix des bureaux étant actuellement élevé » à Londres, ces entreprises pourraient bénéficier de l’une des conséquences du Brexit à en croire Chris Haley. « Si l'un des effets, c'est le déclin des prix de l'immobilier, cela ne sera pas une mauvaise chose pour les start-up et les petites entreprises qui montent. Ça peut l'être pour d'autres investisseurs, mais pas pour les start-up », explique-t-il à RFI.
Pour combien de temps encore ?
Mais il n'est pas certain que les bonnes surprises continuent de s’accumuler. Les analystes prédisent un ralentissement de l'économie à partir de l'année prochaine. Et Pour Marc Lhermitte, associé dans le cabinet EY, les annonces d'investissements de ces grandes entreprises ne sont pas symptomatiques.
« C’est une réaction aux efforts de l’exécutif. Nissan, Google et d’autres ont reçu la visite parfois à très haut niveau du gouvernement britannique. » Et de nuancer : « Ce qui est certain, c’est que la communauté d’affaire, les communautés économiques en général pensent que le Brexit va toucher l’attractivité du Royaume-Uni. La question c’est : dans quelle proportion ? et à quel moment ? »
Pour limiter les risques, le gouvernement tente donc de rassurer. Et les grandes lignes du budget rectificatif iraient dans le bon sens selon Christopher Dembik. « L’Etat intervient massivement tout simplement parce qu’il va permettre de servir de soupape de sécurité. Il essaie de réduire au maximum l’incertitude. Le budget rectificatif est donc positif à cet égard. Il fallait que l’Etat investisse pour rassurer. »
Le gouvernement devrait débloquer près de 5 milliards d'euros d'investissements publics dans la recherche, internet et les réseaux routiers. Mais encore plus que ce budget rectificatif, c'est le budget élaboré l'année prochaine qu'il faudra scruter.
(RFI)
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