dimanche 16 octobre 2016

Stationnement La ville de Genève déploie une bûche mobile


Une voiture-robot qui lit les plaques d’immatriculation sera testée dès lundi. Objectif: détecter plus efficacement les resquilleurs pour mieux les amender.


«A Genève, seuls 40% des automobilistes paient leur stationnement», Jean-Yves Goumaz, directeur général de la Fondation des parkings Image: Lionel Flusin

Avec ses plaques et son boîtier sur le toit, on dirait une famille de Néerlandais en route pour la montagne. Sauf que ce qui ressemble à un porte-skis est en fait une plate-forme bourrée de caméras. Si vous croisez ce véhicule dans les rues de Genève, ne vous avisez pas de tourner votre disque pour prolonger illégalement votre durée de stationnement. L’amende va tomber.


Car cette Renault est une Scancar: elle lit automatiquement toutes les plaques d’immatriculation qu’elle croise grâce à ses 24 caméras intégrées. Quand une infraction est détectée, les données sont immédiatement envoyées à un agent de terrain, qui va à scooter vérifier et, le cas échéant, déposer une amende. «Aujourd’hui à Genève, seuls 40% d’usagers paient leur stationnement», se désole Jean-Yves Goumaz, directeur général de la Fondation des parkings, à l’origine de ce projet pilote. «Le but de cette opération n’est pas de verbaliser davantage, mais d’inciter les usagers à payer, ainsi que de favoriser le taux de rotation des voitures.»

A Utrecht, aux Pays-Bas, la Scancar a porté ses fruits: 30% de paiements en plus après trois mois. «Et à terme, les amendes diminuent», souligne le directeur. Reste qu’à Genève, d’ici à ce que les comportements s’ajustent, les contraventions vont pleuvoir.

1000 véhicules à l’heure

A l’Etat, on se réjouit de la perspective d’un regain d’efficacité: «Alors qu’un binôme de contractuels effectue environ 80 contrôles à l’heure, ce système permettra de traiter 1000 plaques dans le même temps», indique Alexandre Prina, directeur de la planification à la Direction générale des transports. Pour couvrir une ville de la taille de Genève, il faudra trois ou quatre véhicules, avec 100 000 à 130 000 francs d’équipement chacun. Mais pas de mise en œuvre avant 2018, et seulement si la phase de test menée du 17 octobre au 25 novembre est un succès.

Des amendes à la main

Si la technique semble imparable, la réaction des Genevois reste incertaine. «Ce n’est effectivement pas un véhicule très sympathique», concède Jean-Yves Goumaz, qui se veut toutefois rassurant sur la protection des données récoltées. «Les photos seront détruites si la voiture est en règle. Et il est exclu de vendre ou transmettre des données, même à la police dans des affaires de véhicules volés.»

Un système de détection high-tech, mais une verbalisation qui reste artisanale: les agents iront toujours déposer les amendes à la main sur les pare-brise. Reste que leur nombre sera réduit. «Mais aucun licenciement n’est envisagé dans un avenir proche. Nous allons simplement créer de nouveaux métiers, souligne Alexandre Prina, et former les agents de terrain au back-office.»

Alexandra Brutsch
(Le Matin)
(Créé: 15.10.2016, 17h40)



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