dimanche 18 septembre 2016

Washington regrette sa frappe et critique Moscou


Les ambassadeurs américain et russe à l'ONU s'attaquent mutuellement.


L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Samantha Power (ici en décembre 2015), a accusé la Russie de mauvaise foi en convoquant une réunion du Conseil de sécurité après la frappe américaine qui a tué plusieurs dizaines de soldats syriens, le 17 septembre 2016. (Dimanche 18 septembre 2016).

L'ambassadrice américaine Samatha Power a réitéré samedi les regrets de Washington pour la frappe de la coalition menée par les Etats-Unis contre une position militaire syrienne mais a accusé la Russie de vouloir «monter un coup» en convoquant le Conseil de sécurité.

La Russie avait demandé cette réunion d'urgence, qui s'est tenue tard samedi soir, indiquant vouloir obtenir des explications sur cette bavure. La frappe, qui a tué des dizaines de soldats syriens, «n'était pas intentionnelle et nous regrettons bien sûr les pertes en vies humaines», a affirmé Samantha Power à la presse.

Mais elle s'est livrée ensuite à une violente critique contre Moscou qui a convoqué cette réunion, parlant de «moralisme», de «mise en scène» et de «cynisme». Elle a fait valoir «que le régime syrien frappait volontairement des cibles civiles avec une régularité effrayante» et que la Russie ne faisait rien pour l'en empêcher.

Diversion

Le régime de Bachar el-Assad «utilise souvent des armes chimiques (..) et a torturé des milliers de prisonniers», a-t-elle ajouté. «Et pourtant, a-t-elle ajouté, faca à tant d'atrocités jamais la Russie n'a exprimé sa consternation ni demandé une réunion d'urgence du Conseil».

«La réunion de ce soir est une diversion par rapport à ce qui se passe sur le terrain en Syrie», a-t-elle encore estimé. L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine est sorti de la salle pour répliquer vivement à Samantha Power devant les journalistes.

Il a accusé Washington d'avoir violé un engagement de ne pas viser les positions syriennes. Cet incident est «un mauvais présage» pour le maintien de l'accord américano-russe en Syrie, a-t-il estimé, tout en se refusant cependant à déclarer cet accord caduc.

«C'est un grand point d'interrogation», a-t-il affirmé. «J'espère qu'ils (les Etats-Unis) vont trouver un moyen de nous convaincre et de convaincre tout le monde qu'il sont sérieux à propos d'un réglement politique en Syrie et a propos de la lutte contre les terroristes».

Réunion mercredi

Les ministres des Affaires étrangères russe et américain, Serguei Lavrov et John Kerry, doivent participer mercredi à une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie en marge de l'assemblée générale de l'ONU.

La coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis a admis samedi avoir bombardé ce qu'elle pensait être une position du groupe Etat islamique en Syrie, un raid qui a tué au moins 60 soldats syriens selon différentes sources.

Ce bombardement meurtrier près de la ville de Deir Ezzor (est), contrôlée par l'EI, intervient au cinquième jour d'une fragile trêve issue d'un accord entre les Etats-Unis et la Russie. Dans la foulée, Moscou a accusé samedi soir l'«opposition modérée» syrienne, soutenue par les Etats-Unis, d'avoir «fait échouer» ce cessez-le-feu. (afp/nxp)

(Lematin.ch. Créé: 18.09.2016, 03h54)

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