mercredi 21 septembre 2016
Près de 2000 marins coincés sur des cargos après la faillite de leur armateur coréen
ARCHIVE. 1500 à 2500 marins, à bord des cargos de la Hanjin Shipping, attendent depuis des jours que le 7e armateur mondial soit sauvé de la faillite.(Reuters/Lucy Nicholson.)
« Notre liberté et notre dignité nous sont enlevées alors que nous tanguons sans but sur la mer. » Rebecca Moss n'imaginait sans doute pas quel singulier voyage elle allait faire. Pour une résidence artistique, cette vidéaste britannique de 25 ans a embarqué il y a quelques semaines à bord du Hanjin Geneva, mastodonte des océans transportant 65 000 conteneurs entre Vancouver et Shanghaï. Comme 85 autres cargos tout autour du globe, le Hanjin Geneva attend au large du Japon que la situation se débloque.
L'armateur sud-coréen propriétaire du bâtiment, la Hanjin Shipping, a fait faillite le 5 septembre dernier. 85 cargos errent, avec 1500 à 2500 membres d'équipage à bord. Ils sont pour la plupart sud-Coréens, philippins, indonésiens, mais aussi polonais, allemands et pour quelques-uns américains. Les ports refusent de les accueillir, sachant que les frais de capitainerie et de manutention ne seront pas réglés par le 7e armateur mondial, en perdition.
Surtout, les 500 000 conteneurs contiennent, selon les estimations, 12 à 14 milliards de dollars de marchandise (10,7 à 12,5 milliards d'euros). Dans un mail au Guardian, la jeune artiste, qui prend avec philosophie cette attente, s'insurge en revanche de l'ironie de l'affaire : de grands marques comme LG et Samsung, dont la marchandise est bloquée dans les conteneurs, tentent de récupérer leurs biens. « Des multinationales qui sont bien contentes de nous laisser là pendant qu’ils sauvent ce qu’ils peuvent récupérer », dénonce Rebecca Moss. Le géant du smartphone, qui voit flotter 38 millions de dollars de téléphone qu'il comptait écouler pour Thanksgiving, le grand jour des soldes Black Friday et les fêtes de fin d'année, a intenté mardi dernier une action devant la Cour des faillites des États-Unis, basée à Newark (New Jersey). Par ce biais, Hanjin Shipping a obtenu une décision provisoire qui protège ses actifs aux États-Unis - ou dans les eaux territoriales américaines - des créanciers et des saisies, en attendant que la Korean Airlines, son principal actionnaire, se décide à lancer un véritable plan de sauvetage. Samsung pourrait donc récupérer sa marchandise, à condition qu'elle arrive à quai.
Faute d'y parvenir, la firme assure qu'elle devra organiser des livraisons par avion, notamment de pièces détachées pour ses services après-vente. Samsung a calculé qu'il lui faudrait affréter seize avions pour 1470 tonnes de marchandises, soit un surcoût de 8,8 millions de dollars (7,8 millions d'euros). Surcoût qui se répercutera immanquablement sur les consommateurs.
Samedi, la Korean airlines a versé à l’armateur une caution de 55 millions de dollars (49,3 millions d’euros), qui s'ajoutent aux 36 millions versés en début de semaine pour permettre de décharger des cargaisons. Mais c'est très insuffisant : les médias sud-coréens estiment qu'il faudrait 543 millions de dollars (486,6 millions d’euros) pour décharger toutes les cargaisons.
En attendant, les marins patientent à bord, en espérant ne pas devoir trop vite rationner la nourriture.
7 septembre 2016, 11h03
leparisien.fr
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