Edouard Lamort
La Suisse est le pays le plus compétitif du monde selon le Forum économique mondial, qui vient de dévoiler son classement. Il est établi à partir de douze critères, comme les infrastructures, l’efficacité du marché du travail ou l’innovation. Et la France ? Elle est très loin du podium...
10e : la Norvège
Ce pays du nord de l’Europe ferme le top 10 du Forum économique mondial (World Economic Forum), grâce à ses ressources pétrolières. « C’est un cas exceptionnel. La Norvège arrive avec ce résultat grâce principalement à l’or noir. Toutefois, il faudra faire attention à cette dépendance économique dans les années à venir », tempère l’économiste Marc Touati.
9e et 8e : Hong Kong et le Japon
Tokyo |
Hong Kong |
Le Japon occupe le 9e rang du classement soit deux rangs de moins qu’en 2015. La faute à l’environnement macroéconomique du pays selon le rapport du WEF : « Leader il y a vingt ans, le Japon opère un lent déclin. Mais ce dernier est ralenti par l’investissement massif du pays dans l’innovation, la recherche et le développement », précise Marc Touati. De son côté, Hong Kong se glisse à la 8e place grâce notamment à son marché du travail. Selon le Forum économique mondial, il est le troisième marché le plus flexible et le plus productif du monde.
7e : le Royaume-Uni
Forte progression du top 10, le Royaume-Uni gagne trois places par rapport au classement 2015. Toutefois, les données récoltées par le Forum économique mondial l’ont été avant le Brexit. La prudence est donc de mise selon le WEF. Pour l’économiste Marc Touati, la sortie des Britanniques de l’Union européenne pourrait cependant avoir moins de conséquences que prévu. « Le Royaume-Uni a les reins solides. Les Britanniques ont modernisé leur économie. Le pays reste sur une croissance structurelle, c’est-à-dire sur le long terme, de 2,3 % par an. À titre de comparaison, celle de la France est de 0.8 %. »
6e : la Suède
De la même manière que le Royaume-Uni, la Suède effectue un bond de trois places en comparaison avec le classement 2015. La clé du succès suédois ? Les améliorations drastiques de l’environnement macroéconomique du pays. « Ce qui maintient la compétitivité des Suédois, c’est leur politique d’innovation. Ils consacrent 3,5 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la recherche et au développement », estime quant à lui Marc Touati.
5e et 4e : l’Allemagne et les Pays-Bas
Berlin |
Amsterdam |
Fer de lance économique et politique de l’Union européenne, l’Allemagne se place au 5e rang en terme de compétitivité grâce notamment à un environnement macroéconomique stable et un très faible endettement de l’État fédéral allemand. « L’Allemagne récolte les fruits des réformes initiées il y a quinze ans par Gerhard Schröder puis par Angela Merkel », indique Marc Touati.
Les Pays-Bas échouent au pied du podium mais démontrent une solide performance dans les piliers relatifs aux infrastructures, la santé, l’éducation et la formation, ainsi qu’une innovation réactive, selon le WEF. « Les Pays-Bas ont un marché du travail fluide et une économie générale très réactive », ajoute l’économiste Marc Touati.
3e : États-Unis
« La 3e place des États-Unis s’explique principalement par la place importante de l’innovation dans l’économie américaine. Ils ont réussi à bien négocier le virage des nouvelles technologies et le pays profite d’un plein-emploi retrouvé après la crise financière de 2009. » Une bonne note toutefois nuancée par le déficit abyssal du pays selon Marc Touati : « Attention à la dette publique qui ne fait qu’augmenter. »
2e : Singapour
Considérée comme « la Suisse du continent asiatique », la ville-État de Singapour reste une place forte de la compétitivité mondiale depuis vingt ans. Le pays doit cependant améliorer ses résultats dans le domaine de l’innovation pour passer numéro un, selon les conclusions du Forum économique mondial. « Singapour a une compétitivité stable depuis vingt ans. C’est le seul pays de l’Organisation de coopération de développement économique (OCDE) à avoir la croissance la plus forte, environ 4 %, chaque année. Enfin, la fiscalité très faible et son marché du travail flexible renforcent la compétitivité du pays », souligne l’économiste Marc Touati.
1re : la Suisse
En 2016, la confédération helvétique décroche la timbale… et de loin. Selon le WEF, la Suisse se positionne au premier rang dans quatre des dix piliers recensés par le Forum économique mondial : la réactivité technologique, la fluidité du marché du travail, le marché des technologies et des communications (TIC) et l’innovation. « La Suisse possède également une très bonne dynamique sur les industries de pointe et les innovations, indispensable pour la compétitivité », conclut Marc Touati.
Quelle place pour la France ?
Dans ce rapport, la France se classe à la 21e place. Un résultat meilleur qu’en 2015 (la France avait obtenue le 22e rang) mais cela reste cependant encore éloigné de sa 15e place, obtenue en 2010. Si la loi Travail et la réduction du déficit budgétaire ont été mis en avant par le Forum économique mondial (WEF), ce dernier épingle la France sur la « lourde dette publique et une inflation proche de zéro », rapporte le magazine Challenges.
Pour Marc Touati, la place de la France s’explique notamment par « une croissance de moins en moins forte entre 2008 et 2016 » et « le refus de moderniser l’économie. La conséquence immédiate est donc une baisse de sa compétitivité par rapport aux autres grandes puissances économiques mondiales. » Affaire à suivre… en 2017.
Publié le 28/09/2016
(ouest-france.fr)
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