mardi 12 juillet 2016
Mer de Chine méridionale: état des lieux d'une poudrière
Manille - Depuis des décennies, les revendications territoriales contradictoires en mer de Chine méridionale sont source de tensions.
Voici un état des lieux de cette poudrière au moment où un tribunal international saisi par Manille doit se prononcer sur les prétentions chinoises.
-Géographie-
La mer de Chine méridionale, c'est plus de trois millions de kilomètres carrés, cernés par le sud de la Chine, Taïwan, les Philippines, l'île de Bornéo et le Sud-Est asiatique continental.
A l'origine, la plupart de ses centaines d'îlots, îles et rochers étaient inhabités. Les archipels des Paracels (environ 130 îlots) et de Spratley (plus de 700 îlots) comprennent les îles les plus importantes.
-Intérêts-
Il s'agit de la principale liaison maritime entre les océans Pacifique et Indien, ce qui lui donne une énorme valeur économique et militaire.
Ses autoroutes de fret maritime permettent de connecter l'Asie orientale avec l'Europe et le Moyen-Orient. Plus de 4.500 milliards d'euros annuels de fret y transitent.
Cette mer recèlerait d'importants gisements d'hydrocarbures.
Elle abrite des récifs coralliens parmi les plus grands du monde. Comme les ressources de pêche s'épuisent le long des côtes, cette mer est une source importante de poisson pour des populations en expansion.
-Revendications-
La Chine et Taïwan en revendiquent la quasi totalité. Le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei ont également des prétentions, qui se chevauchent parfois.
La Chine s'appuie principalement sur une délimitation en "neuf pointillés" apparue sur des cartes chinoises des années 1940, et qui approche les côtes d'autres pays.
-Appellation-
Pékin comme la plupart des autres pays la connaissent sous le nom de mer de Chine méridionale. Pour Hanoï, il s'agit de la mer Orientale et pour Manille, de la mer des Philippines occidentales.
-Occupation-
La Chine a pris le contrôle des Paracels en 1974, qui étaient occupées par le Sud-Vietnam, alors que les Etats-Unis se retiraient du Vietnam.
Depuis 2012, la Chine contrôle le récif poissonneux de Scarborough, à environ 230 kilomètres de la principale île philippine de Luzon.
Elle occupe au moins sept Spratley. Le Vietnam occuperait ou contrôlerait 21 Spratleys tandis que les autres sont partagées par Brunei, la Malaisie, les Philippines et Taïwan.
-Conflits-
Deux conflits maritimes armés ont opposés la Chine et le Vietnam.
En 1974, une cinquantaine de soldats vietnamien avaient été tués lors d'affrontements entre forces chinoises et la marine du Sud-Vietnam.
En 1988, une bataille navale sur le récif de Johnson dans les Spratleys avait fait environ 70 morts côté vietnamien.
Des bâtiments chinois ont parfois tiré sur les bateaux de pêche vietnamiens dans le secteur.
-Expansion chinoise-
Ces dernières années, la Chine cherche à renforcer sa présence, aggravant les tensions avec ses voisins et au-delà.
En 2012, Pékin a créé une nouvelle ville --Sansha-- sur Woody, île des Paracels, qui dépend administrativement de la province chinoise de Hainan. Sansha est la tête de pont de toutes les eaux revendiquées par Pékin en mer de Chine méridionale tandis qu'elle envisage de développer Woody comme destination touristique.
La Chine a mené dans les Spratleys d'énormes travaux de dragage et de remblaiement pour créer des îles artificielles, qui ridiculisent la portée de travaux similaires engagés par d'autres pays.
D'après le Pentagone, la Chine a créé 1.295 hectares de terres, sur lesquels elle a construit des infrastructures -- systèmes radars et des pistes d'atterrissage capables d'accueillir de gros avions militaires comme de ligne.
Les patrouilleurs des gardes-côtes chinois renforcent leur présence en des lieux stratégiques.
-La diplomatie en échec-
Les 10 membres de l'Association du Sud-Est asiatique et la Chine ont adopté en 2002 une "déclaration de bonne conduite", non contraignante, dans laquelle les parties s'engagent à s'abstenir d'user de la force ou de menaces pour asseoir leurs revendications.
Pékin refuse depuis de la rendre contraignante et cette question divise profondément l'Asean. Manille milite pour que cette organisation montre ses muscles mais les alliés laotien et cambodgien de la Chine s'y opposent.
-Recours-
Les Philippines, qui ont saisi la Cour permanente d'arbitrage (CPA) en 2013, sont le seul pays à contester les revendications chinoises en justice.
Le Vietnam et l'Indonésie disent envisager une procédure légale.
En 2014, Hanoï a soumis à la CPA des documents rejetant la ligne des "neuf pointillés".
La Chine conteste la légitimité de la CPA et dit qu'elle ne respectera pas sa décision.
*Ces données proviennent des archives de l'AFP, des rapports de l'International crisis group, du Council on foreign relations, du Pentagone et de www.globalsecurity.org.
http://www.lexpress.fr/
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