vendredi 22 juillet 2016

1MDB, fonds public malaisien au centre d'un énorme scandale financier


Le Premier ministre malaisien Najib Razak, à Kuala Lumpur le 21 juillet 2016 (AFP/MOHD RASFAN)

La Malaisie est secouée depuis plus d'un an par un énorme scandale financier alimenté par des allégations récurrentes de corruption et de détournements de milliards d'euros du fonds public 1MDB, dans une affaire visant notamment le Premier ministre, Najib Razak.

Des enquêtes ont été ouvertes dans plusieurs pays. Le ministère américain de la Justice a lancé mercredi une procédure judiciaire pour récupérer plus d'un milliard d'euros d'actifs illégalement acquis. Et jeudi, les autorités de Singapour ont révélé avoir saisi 163 millions d'euros d'actifs liés à ce fonds souverain.

Qu'est-ce que 1MDB?

1Malaysia Development Berhad, ou 1MDB, est un fonds d'investissement créé par le Premier ministre malaisien à son arrivée au pouvoir en 2009, dans le but de moderniser ce pays d'Asie du Sud-Est de quelque 30 millions d'habitants.
Le fonds a possédé des usines, des actifs dans le domaine de l'énergie en Malaisie et au Proche-Orient, et des biens immobiliers en Malaisie.
Aux mains du ministère des Finances, le fonds est contrôlé étroitement par Najib, qui est aussi ministre des Finances.

L'homme d'affaire malaisien Low Taek Jho, ou "Jho Low", proche de Najib mais n'occupant aucune fonction officielle, a participé à la création de 1MDB et joué un rôle clé dans les décisions financières du fonds, selon des lanceurs d'alerte. Comment le scandale a émergé?

Les soucis ont commencé en 2014, lorsque 1MDB s'est retrouvé avec un trou de quelque 11 milliards d'euros. L'attention du public à l'égard du fonds s'est intensifiée et a entraîné des révélations sur l'argent évaporé.

L'affaire a subitement explosé en juillet 2015, quand le Wall Street Journal a publié des documents selon lesquels Najib a touché au moins 681 millions de dollars (618 millions d'euros) sur ses comptes en banque personnels.

Quelles sont les principales suspicions des enquêteurs américains?

- En 2009, 635 millions d'euros ont été secrètement détournés d'une société commune entre 1MDB et une petite entreprise énergétique saoudienne vers des comptes contrôlés par Low. Quelque 300 millions d'euros supplémentaires ont été acheminés à nouveau sur ses comptes en 2011.

- Des dizaines de millions d'euros détournés ont été utilisés en 2012 par le beau-fils de Najib, Riza, producteur de film en herbe, pour financer "Le Loup de Wall Street" (2013), film de Martin Scorsese dont le rôle-titre était interprété par Leonardo DiCaprio.

- Des centaines de millions ont été utilisés, principalement par Riza et Low, pour acheter un hôtel particulier à Beverly Hills, des appartements de luxe à New York et une luxueuse maison à Londres.

Comment Najib Razak est-il impliqué?

Le Premier ministre malaisien n'est pas formellement nommé dans les documents américains, mais ceux-ci font une référence à peine voilée à Najib Razak: ils mentionnent un "Officiel malaisien 1", décrit comme un "haut responsable officiel" avec un contrôle sur 1MDB, et "l'ultime bénéficiaire" d'un compte en banque malaisien rempli de fonds présumés détournés.

Les enquêteurs américains soulignent ainsi que 681 millions de dollars (617 millions d'euros) ont été illégalement transférés sur un compte contrôlé par "Officiel Malaisien 1".

Najib a reconnu avoir reçu 681 millions de dollars en dépôts effectués par le passé sur ses comptes en banque personnels, après les révélations du Wall Street Journal. Mais il a nié que ces fonds provenaient de 1MDB, affirmant qu'il s'agissait d'un "cadeau" de la famille royale saoudienne.

Quel est l'impact de 1MDB sur la Malaisie?

A mesure que le scandale a pris de l'ampleur et que les appels à la démission du Premier ministre se sont multipliés, Najib a limogé des membres de son gouvernement réclamant la transparence sur cette affaire et freiné l'enquête en Malaisie. Des lanceurs d'alerte ont été emprisonnés, des médias et des sites internet mentionnant l'affaire 1MDB ont été interdits, et le gouvernement a menacé de poursuites toute personne prête à faire des révélations.

Des analystes politiques estiment que seule une révolte au sein de l'Organisation nationale des Malais unis (UMNO), le parti de Najib, majoritaire et au pouvoir depuis l'indépendance de la Malaisie en 1957, pourrait déloger le Premier ministre. Une hypothèse peu probable pour le moment, après que Najib a renforcé son emprise sur le parti.

AFP
http://www.leparisien.fr/

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